À Bayonne, un nouveau lieu mémoriel rend hommage aux femmes qui se sont engagées dans la Résistance. À l’initiative du groupe féministe Bask’Elles, ce projet milite pour féminiser l’espace public.
Sortir de l’oubli les femmes marquantes de l’Histoire. C’est le cheval de bataille du groupe Bask’Elles de l’association Les Bascos, qui milite pour les droits des personnes LGBT+. À leur initiative, un lieu mémoriel et pédagogique a été inauguré le 12 juin 2025 à Bayonne afin de mettre en lumière les Bayonnaises qui se sont engagées dans la Résistance. L’installation se trouve dans le square qui prolonge la place des Basques, renommé trois ans auparavant, à la demande du collectif, « Place des femmes de la Résistance ».
Les Bayonnaises en résistance
C’est l’artiste Valérie Cétaire, alias Poulpykiss, qui a imaginé la sculpture : un arbre aux feuilles multicolores. Sur le tronc sont gravés des noms de femmes : Amelina Devant Le Gall, Andrée Niderbilh, Coralie Labourdette, Lucette Moreau, Lucienne Dassie Saboulard, Madé Tarascon-Mesle Lassalle, Marcelle Maurin ou encore Marie Cazaux. Ces quelques noms font partie des 24 qui figurent sur l’œuvre. Ces 24 femmes ont en commun d’être nées ou d’avoir grandi à Bayonne mais aussi, et surtout, de s’être engagées dans la Résistance.
Le groupe Bask’Elles tenait à saluer leur engagement et leur courage. Elles étaient boulangère, professeure, couturière ou bibliothécaire, certaines étaient même mineures lorsqu’elles se sont engagées. Elles ont fait passer des courriers et des messages, caché des Juifs en transit vers l’Espagne, prêté leur boutique comme quartier général de la Résistance ou fait partie des réseaux clandestins comme l’Union féminine de Bayonne ou le réseau d’évasion Comète. Plusieurs d’entre elles ont été arrêtées puis déportées.
Féminiser les noms de rues
À Bayonne, en 2021, seulement 5 % des noms de places ou de rues portent des noms de femmes. Ce n’est pas un cas isolé. En Europe, plus de 90 % de ces rues portent un nom d’homme. Ce palmarès a été élaboré par la plateforme Mapping Diversity, qui a analysé 145.933 rues dans 30 villes européennes importantes, réparties dans 17 pays. Sur les 52 888 rues qui portent le nom d’une personne, seulement 9 % sont celui d’une femme, soit 4 779, et 47824 rues portent le nom d’un homme, soit 90,4 %.
L’espace public est à l’image des hommes qui le peuplent. Tout est fait pour que les femmes restent dans la sphère domestique. Donner le nom d’une rue à une personnalité n’est pas un geste anodin : c’est l’intégrer pleinement aux références communes d’une société. Ne pas nommer les femmes dans l’espace public est aussi un facteur de leur invisibilisation dans l’Histoire. Et lorsque des rues portent des noms de femmes, ce sont souvent des saintes. Sur les 30 villes étudiées, la Vierge Marie est le nom le plus fréquent, avec 365 rues. À titre de comparaison, l’homme le plus populaire, Saint-Paul, a 28 noms de rue. Sainte-Anne a donné son nom à 35 rues dans 19 villes différentes. Les hommes, eux, trouvent de nombreux modèles dans ces noms de rues comme de grands artistes, scientifiques, chercheurs, écrivains, hommes politiques, chefs de guerre et sportifs.
En rendant hommage aux femmes de la Résistance, le groupe Back’Elles renouvelle les figures dans lesquelles les Bayonnais et Bayonnaises peuvent se projeter.
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