Cette semaine, coup de projecteur sur deux films en salle ce mercredi 10 septembre : dans « Renoir » on suit une petite fille au Japon, dans « Sirât » une bande de raveurs dans le désert marocain. Deux films, deux ambiances, une réalisatrice, un réalisateur : délicatesse impressionniste d’un côté, choc esthétique et sensoriel de l’autre.
« Renoir » : La petite fille et la mort
Tokyo 1987. Entre un père malade en phase terminale, une mère qui n’a plus de temps pour sa fille, Fuki 11 ans, vogue sur son imagination pour supporter son quotidien et sa solitude. Elle se trouve une amie, tente la télépathie pour communiquer avec ses parents, rêve, déambule, rencontre des inconnus sur un réseau téléphonique, activité bien risquée pour son âge. Cette petite fille face à la mort à venir est perdue comme la cinéaste Chie Hayakawa enfant, lorsqu’elle a été confrontée à la disparition de son père. Fuki cherche surtout à toucher la souffrance des autres à défaut de comprendre la sienne. La mise en scène est à l’image de la délicatesse de ce personnage, tons pastel, allers et retours entre présent et passé, gros plans silencieux sur son visage pur et habité. Mise en scène impressionniste également, à l’image de “La petite Irène” œuvre de Pierre Auguste Renoir qui donne son titre au film. Le père de la réalisatrice lui a offert une reproduction de ce tableau qu’elle a toujours gardée, souvenir qu’elle a délicatement posé dans ce joli film.
« Renoir » de Chie Hayakawa (fiction, Japon, 2h) Avec Yui Suzuki, Lily Franky, Hikari Ishida . Produit par Loaded Films, Distribué par Eurozoom. Sortie 10 septembre.
« Sirât » : une transe mystique dans le désert
Oliver Laxe, jeune cinéaste espagnol, a fait sensation au dernier festival de Cannes dont il est reparti avec le prix du jury. Dans le désert et les montagnes du Maroc, un homme accompagné de son jeune fils recherche sa fille disparue dans une free party. Une bande de marginaux adeptes de ces fêtes sauvages va l’accompagner dans sa quête, trois hommes – l’un sans jambe, l’autre sans main – et deux femmes, tous incarnés par des acteurs non professionnels, raveurs rêveurs, silencieux et affectueux. Alors que dans le reste du monde, une nouvelle guerre fait rage, nos héros nous entraînent dans une expérience violente et mystique. Voyageant sous le soleil ou la pleine lune d’un désert spectaculaire, dans des paysages sonores grandioses, ils comprendront dans leur chair à quel point la vie ne tient qu’à un fil. Le Sirât, qui donne son titre au film, est selon l’Islam le pont qui relie le paradis et l’enfer, aussi fin qu’un cheveu, aussi tranchant qu’une épée. Un choc cinématographique.
« Sirat » de Oliver Laxe (fiction, France-Espagne, 1h55) Avec Sergi Lopez, Bruno Núñez Arjona, Richard Bellamy, Stefania Gadda, Jade Oukid, Tonin Janvier, Joshua Liam Henderson. Produit par El Deseo (les frères Almodovar), distribué par Pyramide. Sortie 10 septembre.