Dimanche 5 octobre, tout Internet avait les yeux braqués sur le GP Explorer. Une femme, Kaatsup, est arrivée 2ème. Et elle a subi un cyberharcèlement… encore banalisé.

C’est le plus gros événement de l’internet français : le GP Explorer 3. Depuis trois ans, cette course de Formule 4, organisée au Mans par le youtubeur Squeezie et retransmise sur Twitch, rassemble la crème d’internet avec 24 créateur.rice.s de contenu de tout horizon. Pour la première fois cette année, une femme se hisse sur le podium : Kaatsup, arrivée 2e. Mais, pour elle, l’euphorie de la victoire laisse vite place au cyberharcèlement sexiste.
Cyberharcèlement sexiste
Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? Certains internautes reprochent à la vidéaste, qui se lance régulièrement des défis sportifs qu’elle documente sur les réseaux sociaux, d’avoir volé la place à Squeezie sur le podium. Sur la piste, elle aurait empêcher l’organisateur de la doubler. Une stratégie de défense qu’on imagine mal voir reprocher à un homme… À titre de comparaison, d’autres coureurs, hommes, ont fait des sorties de route, sans que cela soit critiqué.
Parmi le flot de commentaires et d’insultes visant Kaatsup, on peut lire : « Bravo d’avoir ruiné la course de Squeezie, j’espère que tu es heureuse » ou « Désolé mais si elle ne ferme pas la porte à Squeezie, elle finit derrière, heureusement Squeezie est très fair-play », lui lancent certains. Mais le cyberharcèlement va crescendo vers des propos sexistes. « Heureusement qu’il n’y avait pas de créneau à faire », « Alors, vous le faites bien, mais on le fait mieux » ou encore « C’est un sport pas très physique donc c’est normal ».
Ce n’est pas la seule femme a avoir été victime de sexisme dans le cadre du GP Explorer 3. Sur les 24 coureurs, six femmes. Parmi elles : la tiktokeuse et mannequin Léa Elui. Sur les réseaux sociaux, les commentaires décrédibilisent ses capacités à participer à la compétition, alors même que le concept de Squeezie est d’initier des créateur.rice.s de contenu, sans expérience, à la Formule 4.
L’année dernière, déjà, la vidéaste Manon Lanza, spécialiste des sports de glisse et sports extrêmes et animatrice de la chaîne Allons rider, avait subi une vague de cyberharcèlement après sa participation à la course. Sa voiture avait percuté accidentellement, dans un virage, celle de Maxime Biaggi, un autre coureur influenceur, et tous les deux ont dû déclarer forfait. Même scénario que pour Kaatsup, les insultes sexistes fusent. « Qu’on se serve de la moindre petite erreur pour médiatiser du sexisme, c’est inacceptable. On touche à toute la gent féminine à travers moi. Pouvoir lire encore ‘Femme au volant, mort au tournant’, c’est consternant en 2023 », avait réagit Manon Lanza dans les pages du Parisien.
Lire : Femme au volant, cyberharcèlement au courant : la révolte de Manon Lanza
Internet reste hostile aux femmes
Après le cyberharcèlement massif envers Manon Lanza, des organisations féministes de lutte contre le cyberharcèlement avaient alors dénoncé l’inaction des participants masculins pour endiguer le flot de haine sexiste. Plusieurs jours après la vague de haine subie par la vidéaste, Squeezie avait déploré le sexisme outrancier d’une partie de sa communauté et appelé à cesser le cyberharcèlement.
Encore cette année, le sexisme sur internet persiste et s’accroche à la moindre excuse pour prendre pour cible les quelques femmes visibles sur les plateformes, tandis que les politiques de modérations restent passives face à ce fléau.
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