La maternité des Lilas a changé la vie de milliers de femmes en repensant l’accompagnement lors de l’accouchement. Le 31 octobre 2025, l’établissement a fermé ses portes, après avoir milité pour les droits des femmes depuis soixante ans.

« C’était un laboratoire de liberté, de féminisme et d’humanité. Ce lieu est unique ». C’est ainsi que Chantal Birman, ancienne sage-femme et militante féministe, décrit la maternité des Lilas. Ce vendredi 31 octobre 2025, l’établissement a définitivement fermé, après soixante ans d’existence et de nombreuses mobilisations pour rester à flot.
Une maternité engagée pour les droits des femmes
L’aventure de la maternité des Lilas débute en 1964. À cette époque, l’anesthésie n’est pas pratiquée lors des accouchements. À contre-courant des hôpitaux qui négligent le confort, voire la santé, des femmes, le projet des Lilas est alors inédit : l’accouchement physiologique. Cette méthode venue d’URSS prône un « accouchement sans douleur », tout en limitant les interventions médicales en allant au rythme des femmes qui accouchent. La maternité met au centre de sa pratique une écoute attentive des femmes et un accompagnement personnalisé et constant. La maternité, située à l’est de Paris, avec seulement quatre salles de naissance et un centre d’interruption volontaire de grossesse, devient alors un eldorado pour les femmes et les médecins militant.es.
L’engagement de la maternité des Lilas va même plus loin, et ce dès son ouverture. Avant la loi Veil de 1975, l’établissement pratique clandestinement des interruptions volontaires de grossesses et milite pour la libéralisation de la contraception.
Manque de moyens
Mais, comme beaucoup d’associations et de projets engagés pour les droits des femmes, les moyens manquent. Depuis 2012, l’établissement rencontre de grosses difficultés financières. Pire : le 15 janvier 2025, Les Lilas perdent la certification de la Haute Autorité de santé (HAS). En cause ? Des « conditions de sécurité non optimales » et une probable cessation de paiements par l’association Naissance, gestionnaire de l’établissement, comme le rapporte l’ARS Île-de-France.
Le jeudi 30 octobre, sages-femmes, gynécologues et puéricultrices des Lilas, soutenues par des militantes féministes et des parents, étaient mobilisées, une dernière fois, pour sauver la maternité.
Si le lieu emblématique de la maternité des Lilas ferme définitivement ses portes, un centre pour la santé des femmes doit voir le jour, affirme la ministre de la santé Stéphanie Rist. Aucun accouchement ne sera effectué dans ce nouveau centre mais « une prise en charge avant et après l’accouchement » sera prévue. La fermeture de la maternité des Lilas marque la fin d’une utopie, devenue réalité, pour la santé sexuelle et reproductive des femmes.
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