Depuis quelques jours, une pétition circule, réclamant la création d’espaces réservés aux femmes dans les transports en commun franciliens. Mais les féministes estiment que ce n’est pas la solution face aux violences sexistes et sexuelles.

Faut-il créer des wagons réservés aux femmes dans les transports en commun à Paris ? C’est ce que réclame une pétition lancée le 24 octobre. Le 6 novembre, la pétition avait récolté près de 28 000 signatures.
L’espace public : zone hostile pour les femmes
Cette pétition survient quelques jours après une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, d’une tentative de viol commise mi-octobre dans un RER du Val-de-Marne. Une jeune femme d’origine brésilienne, âgée de 26 ans, a été agressée, en plein jour, dans le RER. Seule dans la rame, un individu l’agresse. Une passagère, alertée par les cris de la jeune femme, intervient et filme la scène avec son téléphone portable. L’agresseur prend alors la fuite. Il a depuis été interpellé et mis en examen.
Cette agression relance le débat sur l’insécurité dans les transports pour les femmes. Selon une enquête, publiée par la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof) pour la RATP, 56% des femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité dans les transports franciliens. Après 22 heures, ce chiffre grimpe jusqu’à 81% des femmes. Un sentiment qui pousse les passagères à adapter leur utilisation de ces espaces publics. 93% des femmes disent essayer de s’asseoir à côté d’une femme, d’un couple ou d’une famille, et 68% adaptent leur tenue si elles prennent les transports. Une peur avérée puisque 7 femmes sur 10 ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles dans les transports franciliens.
L’hostilité de l’espace public envers les femmes est une réalité. Mais la solution est-elle vraiment de cantonner les femmes dans un espace ?
« C’est une bonne question, mais une mauvaise réponse »
Si des mesures de non-mixité dans les transports en commun existent déjà dans d’autres pays, comme au Japon, au Mexique, en Inde et en Allemagne, les voix féministes en France contestent le projet de cette pétition. La solution se trouve ailleurs.
« Demain ce serait quoi ? ‘Tu l’as bien cherché parce que tu n’es pas rentrée dans le bon wagon?’ », s’insurge Anne-Cécile Mailfert, présidente de La Fondation des femmes. « La vie, c’est des femmes et des hommes. Les femmes ont le droit d’aller où elles veulent », poursuit-elle. En effet, la création de ces espaces réservés aux femmes ne fait que reporter le problème des violences faites aux femmes dans l’espace public. Au lieu de s’attaquer à la racine de ce mal, c’est, encore une fois, aux femmes d’adapter leur comportement.
Les responsables de la sécurité, réunis mardi 4 novembre à la préfecture de police de Paris, ont également réagi : « Il faudrait mettre deux policiers dans chaque wagon ? Parce que qui est-ce qui empêcherait un prédateur de rentrer dans ce wagon ? Donc je pense que c’est un cri qu’il faut entendre. C’est une bonne question mais une mauvaise réponse », estime Frédéric Péchenard, vice-président de la Région Île-de-France.
Des solutions temporaires
Avant d’envisager la créations de wagons réservés aux femmes, d’autres mesures ont été mises en place. Un numéro d’urgence (3117 ou 31177 par SMS) peut être sollicité et, depuis le 1er septembre 2023, la RATP a généralisé la descente à la demande après 22h dans les bus parisiens. Si Valérie Pécresse se félicitait de cette avancée, Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris pour l’égalité femmes-hommes, la jeunesse et l’éducation populaire, rappelait qu’elle réclamait ce dispositif depuis des années. Ça progresse mais trop lentement, alors même que les femmes vivent avec ce sentiment d’insécurité au quotidien.
Suite au débat suscité par la pétition, la région Île-de-France envisage d’autoriser les caméras augmentées par l’intelligence artificielle, comme lors des Jeux Olympiques, qui alertent les forces de l’ordre en cas de comportement inhabituel.
En attendant, le débat de fond sur les violences sexistes et sexuelles systémiques reste mis de côté.
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