Dans le documentaire Black Box Diaries, la journaliste japonaise Shiori Itō brise le tabou des violences sexistes et sexuelles dans la société japonaise à travers sa propre histoire. Dix mois après sa sortie à l’étranger, le film sera diffusé pour la première fois au Japon en décembre.

Victoire ! Le documentaire Black Box Diaries va être diffusé au Japon. La journaliste japonaise Shiori Itō y documente son combat pour faire condamner l’homme qui l’a violée, le puissant patron de presse Noriyuki Yamaguchi.
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La diffusion est prévue le 12 décembre prochain, soit près de dix mois après sa sortie à l’international en mars 2025. La séance aura lieu dans une seule salle à Tokyo, comme l’a annoncé l’un des distributeurs au Japon, Toei Advertising.
La raison de cette diffusion tardive ? Des questions juridiques. Si le film avait interpellé le monde entier, au point d’être nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur documentaire, sa diffusion avait été bloquée au Japon. Certaines scènes du documentaire avaient été incluses dans le montage sans l’autorisation des personnes filmées, comme l’interview du chauffeur de taxi qui avait conduit Shiori Itō et Noriyuki Yamaguchi à l’hôtel, où ce dernier a ensuite violé la journaliste. La version du documentaire qui sera diffusée au Japon « a été finalisée après avoir apporté certaines modifications et ajustements, en tenant compte des remarques des personnes concernées », révèle le communiqué.
Vers une libération de la parole au Japon
Dans Black Box Diaries, Shiori Itō documente tout. D’abord pour se protéger. Chaque rencontre est filmée, chaque appel téléphonique est enregistré et toutes les prises de notes sont précieusement conservées. Son but ? Exposer un système qui protège les agresseurs et nie la parole des victimes.
À l’époque où Shiori Itō se démène pour faire reconnaitre le viol dont elle a été victime, seulement 4% des femmes victimes portent plainte pour viol au Japon. Que le public japonais puisse enfin visionner son film est un pas de plus vers une libération de la parole des victimes de VSS dans la société japonaise. Déjà en 2017, la journaliste avait raconté son combat dans un livre : “Black Box”. Sa prise de parole publique avait alors permis de faire évoluer la loi sur le viol. Inchangée depuis 1907, la définition du viol avait été élargie aux pénétrations sexuelles autres que les pénétrations d’un vagin par un pénis. Ce qui permet désormais aux hommes d’être considérés comme victimes de viol. La condamnation pour viol est aussi revue à la hausse et passe de trois à cinq ans.
Avec la diffusion de Black Box Diaries au Japon, Shiori Itō « espère que la conversation suscitée après la projection contribuera à briser le silence, à protéger la prochaine personne et à faire bouger la société, pas à pas », déclare-t-elle dans le communiqué.
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