Diffuser des tests permettant de détecter un état de soumission chimique, considérer les « drogues du viol » comme des armes… Pour combattre le fléau de la soumission chimique, des avancées se profilent.

Les politiques publiques pour la lutte contre la soumission chimique évoluent. La soumission chimique consiste à “administrer à des fins criminelles, des substances psycho-actives à l’insu d’une victime ou sous la menace”. En soirée comme dans la sphère privée, ce procédé est fréquemment utilisé par les agresseurs sexuels. Lorsque les victimes portent plainte, il est souvent trop tard pour détecter la présence de ces drogues dans l’organisme. Mais cela est sur le point de changer.
Les victimes abandonnées
Le fléau de la soumission chimique a récemment été mis sous le feu des projecteurs par plusieurs affaires. En France, le procès des viols de Mazan a levé le voile sur son utilisation croissante lors des agressions sexuelles. En Allemagne, en décembre 2024, le collectif d’investigation Strg_F, a même exposé un groupe de discussion sur la messagerie Telegram, composé de 70 000 hommes qui s’échangeaient des conseils sur les meilleures manières de droguer les femmes dans le but de les agresser et de les violer.
Le système judiciaire et juridique est défaillant sur le traitement des violences sexuelles. En 2024, en France, 122 600 victimes de violences sexuelles ont été enregistrées par les services de l’ordre, soit une hausse de 7 % par rapport à 2023. Et ce chiffre ne représente que les victimes qui ont déposé plainte. Sur ces plaintes, 86 % ont été classées sans suite. Cela grimpe même jusqu’à 94 % dans les affaires de viols. En 2025, la France a même été condamnée à deux reprises, en avril puis en septembre, par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour victimisation secondaire. En 2025, c’est la réalité des victimes, confrontées à une justice qui ne les protège pas et découragées de porter plainte.
Repenser la prise en charge des victimes
Pour combler ces lacunes structurelles, la France a annoncé le 13 décembre, le remboursement par l’Assurance maladie des « tests et analyses permettant de détecter un état de soumission chimique ». Le dispositif sera mis en place dès le 1er janvier 2026, mais seulement dans les régions Ile-de-France, Hauts-de-France et Pays de la Loire, afin d’être testé sur trois ans.
L’examen prévoit un « prélèvement sanguin et urinaire » et un « prélèvement de cheveux, lorsque la consultation a lieu plus de cinq jours suivant les faits donnant lieu à prescription ou si la situation clinique le nécessite », précise le décret.
Le but ? Utiliser les résultats de ces examens pour que les victimes déposent plainte. Les tests menés permettront d’identifier la présence d’éthanol, de stupéfiants, tels que les cannabinoïdes, amphétaminiques, cocaïne, opiacés et métabolites, ou encore des médicaments psychoactifs sédatifs, comme le GHB, les hypnotiques, anxiolytiques, neuroleptiques sédatifs et antihistaminiques.
Classer « les drogues du viol » comme des armes
Ces drogues sont aussi dans le viseur de la justice allemande. En Allemagne, une proposition de loi pour classer « les drogues du viol » comme des armes doit être prochainement adoptée. Résultat : les peines visant les agresseurs sexuels et les violeurs seront durcies. « Les femmes doivent se sentir en sécurité et pouvoir circuler librement partout », a déclaré le ministre de l’Intérieur allemand, Alexander Dobrindt.
Face à l’utilisation croissante de la soumission chimique, les politiques publiques se mobilisent enfin.
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