Les femmes sont plus menacées que les hommes par le réchauffement climatique, mais elles ont aussi plus de potentiel pour atténuer ces changements. C’est le point sur lequel le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a insisté en publiant cette semaine son rapport, Etat de la population mondiale 2009.
« Les femmes pauvres dans les pays pauvres sont parmi les plus touchées par le changement climatique, bien qu’elles y aient le moins contribué », remarque ainsi Thoraya Obaid, Directrice de l’UNFPA. La principale solution : l’éducation des filles et des femmes. Pourtant, les aides à la planification familiale et la contraception ont été divisées par deux depuis 1995.
Le rapport dresse ce constat : les femmes « supportent un fardeau infiniment plus lourd » face aux réchauffement planétaire. Elles représentent la majorité des 1,5 milliards de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour. « En raison d’une pauvreté plus profonde, d’un moindre contrôle sur leurs propres vies, du fait que leur productivité économique est moins reconnue et de leur fardeau écrasant en matière de procréation et d’éducation des enfants, les femmes affrontent des défis additionnels à mesure que le climat change », note ainsi l’UNFPA.
Moins mobiles, plus vulnérables, les femmes composent la plus grande part de la main d’oeuvre agricole dans des zones côtières ou deltas menacés par la montée du niveau de la mer et l’augmentation probable du paludisme. Le Vietnam, par exemple, est dans cette situation. En septembre, le typhon Ketsana y a affecté 3 millions de personnes. Et le rapport remarque que, face aux pluies et tempêtes de plus en plus fortes et fréquentes, les hommes ont tendance à aller chercher du travail dans les villes, tandis que les femmes restent sur place et endossent toutes les responsabilités domestiques.
Financer les services de planification familiale
L’Etat de la population mondiale 2009 souligne alors que la lutte contre le changement climatique a plus de chance de réussir si des politiques et des programmes prennent en compte les besoin, les droits et les potentiel des femmes. Pour Thoraya Obaid, « les femmes ont le pouvoir de se mobiliser contre les changements climatiques, mais ce potentiel ne peut se concrétiser qu’à travers des politiques qui leur confèrent l’autonomie ».
Le rapport montre notamment que l’accès à l’éducation et à la santé, pour les femmes et les filles, favorise le développement économique et a un impact bénéfique sur le climat. En effet, les filles ayant eu une meilleure éducation, et de meilleures perspectives économiques, ont tendance à avoir moins d’enfants. Le ralentissement de la croissance démographique, à long terme, contribue à limiter les émissions de gaz à effet de serre. La population mondiale, estimée aujourd’hui à près de sept milliards, pourrait dépasser les 10 milliards en 2050.
L’UNFPA appelle alors à « financer en totalité les services de planification familiale et les produits de contraception ». Une mesure à contre-pied de la tendance actuelle, puisque les aides fournies par les pays riches à ces mesures dans les pays en développement ont été divisées par deux en quelques années. Passant de 723 millions de dollars en 1995 à 338 millions de dollars en 2007.
Les auteurs du rapport interpellent aussi directement les négociateurs qui se réuniront le mois prochain à Copenhague. Ils les invitent à prendre en compte ces considérations, et à mener « une réflexion constructive sur la population, la santé reproductive et l’égalité des sexes, et sur la manière de contribuer ainsi à l’avènement d’un monde juste et écologiquement viable. »