En deux phrases de soutien à la gestation pour autrui, Pierre Bergé fait scandale et remobilise les opposants au mariage pour tous. C’est pourtant déjà une évidence : la GPA n’aura pas sa place dans la loi.
Pierre Bergé à l’origine d’une nouvelle polémique. Selon Le Figaro, le millionnaire, président du conseil de surveillance du journal Le Monde et fondateur du magazine Têtu, aurait déclaré dimanche 16 décembre, lors de la manifestation à Paris en faveur du mariage pour tous :
« Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence? ».
Une prise de position en faveur de la gestation pour autrui (GPA), autrement dit des mères porteuses, qui a soulevé l’indignation. « On ne loue pas son utérus pour porter un enfant », a par exemple réagi l’ancienne ministre Roselyne Bachelot. La GPA est une ligne rouge dans le débat sur le mariage pour tous. Très rares sont ses partisans, même si on en trouve chez certaines féministes proclamées, comme Elisabeth Badinter, ainsi que le rappelle Rue89.
Pierre Bergé est un habitué des propos polémiques. On se souvient qu’en décembre 2009, celui qui est aussi président du Sidaction avait vivement critiqué le Téléthon, l’accusant de « parasite[r] la générosité des Français de manière populiste ».
Le sujet est également un étendard des opposants au projet de loi, selon lesquels le droit à l’adoption pour les couples homosexuels ouvrira la voie aux mères porteuses. Les parlementaires d’opposition contre le mariage pour tous, rassemblés dans une ‘Entente parlementaire pour la famille’, ont d’ailleurs aussitôt rebondi sur les propos de Pierre Bergé. Selon eux, ces propos sont « inadmissibles et montrent bien l’état d’esprit des promoteurs de ce texte ainsi que la considération qu’ils ont de l’enfant et de la femme ».
Le débat est déjà clos (pour le moment ?)
Pourtant, peu avant la sortie Pierre Bergé, le gouvernement s’était montré clair. Vendredi 14 décembre, la ministre chargée de la Famille, certifiait qu’il n’y aurait « pas de débat sur la gestation pour autrui » à l’occasion de l’examen du projet de loi de mariage pour tous, qui devrait être discuté au Parlement à partir du 29 janvier. « François Hollande a dit très clairement qu’il était hostile à la GPA », soulignait Dominique Bertinotti.
Et une partie des associations qui militent pour le mariage pour tous récusent elles aussi la GPA. Rappelant qu’elle est « interdite pour les couples hétérosexuels mariés ; et le sera également pour les couples homosexuels mariés. » D’autres toutefois, comme l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) revendiquent la légalisation de la gestation pour autrui.
La procréation médicalement assistée (PMA), en revanche, fait l’objet d’un débat plus complexe et des revendications des associations. Car elle est aujourd’hui accordée, sous de strictes conditions, aux couples mariés hétérosexuels. Elle ne sera pas présente dans le projet de loi présenté par le gouvernement. Mais elle pourrait faire l’objet d’un amendement du groupe socialiste. La semaine dernière, François Hollande a indiqué qu’il reviendrait au Parlement de se prononcer « souverainement » sur l’introduction de la PMA pour les couples de femmes homosexuelles.
Photo Wikipedia : Pierre Bergé de passage à Grenoble pour l’inauguration du Musée Stendhal.