Irène, 51 ans, travaille depuis 8 ans dans les services à la personne. Où la formation apparaît comme une nécessité. « Pendant quatre ans, j’ai travaillé comme aide à domicile sans formation. Je trouvais du travail par le bouche à oreille, d’une personne âgée à une autre. Mais j’ignorais à l’époque que j’exerçais en amateur, je massacrais le boulot sans le savoir.
Ce n’est que maintenant que je suis la formation au DEAVS, le diplôme d’État d’Auxiliaire de Vie Sociale, que je réalise les connaissances qu’il faut acquérir pour exercer correctement ce métier. J’ai appris par exemple à travailler avec mes genoux plutôt qu’avec mon dos, pour le protéger et éviter la hernie discale.
Surtout, durant cette année de formation intensive, j’ai appris à m’adapter au rythme des gens, à partir de leurs possibilités plutôt que de vouloir absolument faire ce que je pense être bien. On peut frôler la maltraitance sans le vouloir. En forçant une personne en démence sénile à s’asseoir par exemple, parce qu’elle bouge beaucoup et qu’on a peur qu’elle se fasse mal. Or, je sais maintenant qu’il faut la convaincre doucement, jusqu’à
« L’offre de certification professionnelle dans le domaine de l’aide aux personnes fragiles demeure trop morcelée, nuisant à sa lisibilité et à son attractivité ». C’est l’une des failles que reconnaissaient les acteurs du secteur, réunis en juin 2009 aux Assises de la professionnalisation des services à la personne.
Ambition : « Concrétiser la volonté partagée par toutes les parties prenantes d’améliorer de façon significative la qualité des emplois et la professionnalisation des intervenants dans le secteur des services à la personne. » Ils se sont fixés 14 objectifs pour la période 2009-2012. Autant d’étapes vers une réelle professionnalisation d’un secteur morcelé. |
ce qu’elle s’assoie toute seule, d’elle-même. La personne doit être au centre de mon action. Par exemple, il ne faut pas forcer une personne âgée à manger, il faut d’abord savoir si elle déglutit bien, si elle a une bonne dentition. Il faut voir de quoi elle est capable et s’adapter. Partir de ses besoins, de ses souhaits, de son projet de vie. J’espère juste que j’aurai le temps lors de mes interventions…
La formation m’a appris aussi à ne pas trop mettre de sentiment dans le travail, à rester professionnelle. Nous perdons des personnes âgées en fin de vie, par exemple, et il faut se répéter que c’est normal, que notre rôle consiste à accompagner au mieux cette période. Heureusement qu’il y a des réunions avec les collègues et des psychologues pour en discuter. Sinon, on craque. Il faut connaître ses limites, savoir quand il devient nécessaire d’appeler une infirmière ou un médecin. Avant la formation, il m’est arrivé de composer des piluliers, de mettre des médicaments dans les cases adéquates, or j’ai appris que ce n’était pas de mon ressort.
Bientôt, j’aurai terminé ma formation, qui est financée par le conseil régional d’Ile–de-France parce que j’étais au chômage ces derniers temps. Je passerai un oral devant un jury. J’espère vraiment réussir. Le DEAVS va me permettre d’être mieux payée, mais surtout d’être reconnue professionnellement, par l’association qui m’embauchera, et par les personnes chez qui j’interviendrai : pour eux, j’aurai un diplôme, je ne serai plus ‘’aide-ménagère’’, ou ‘’agent à domicile’’, non, je serai auxiliaire de vie sociale. L’association devra respecter mes compétences, et ne pas trop m’envoyer sur des ménages. Et moi-même je respecterai plus mon travail, car il a un bon côté aussi : il permet à des personnes âgées de rester chez elles plutôt que d’aller dans des établissements parfois maltraitants. A condition que l’auxiliaire de vie soit bien formée ».
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