Une femme pour trois hommes. En 5 ans, la place des femmes dans l’information n’a pas progressé, en France comme dans le monde. Constat amer du rapport 2015 du GMMP, projet mondial de monitorage des médias.
« Le rythme des progrès vers l’égalité des genres au sein des médias s’est pratiquement immobilisé au cours des cinq dernières années ».
C’est le constat sans appel de l’édition 2015 du GMMP, « Projet mondial de monitorage des médias » mené tous les 5 ans depuis 19951.
Dans le monde, les femmes ne représentent que 24% des personnes que l’on entend, dont il est question et que l’on voit dans les nouvelles de la presse écrite, de la télévision et de la radio, relève le GMMP 2015, publié lundi 23 novembre. Trois hommes pour une femme, soit exactement la même proportion qu’en 2010.
Constat identique, et même un peu plus négatif, pour la France. Selon l’étude coordonnée par l’universitaire Cécile Méadel, la part des femmes dans l’information a reculé : 24,1% en 2015 (468 femmes et 1477 hommes cité.e.s), contre 28,3% en 2010. De quoi déplorer un « plafond de verre informationnel ». Comme si les femmes ne pouvaient pas représenter plus d’un quart des sujets ou sources d’information.
Et cette « inégalité quantitative se double d’une inégalité qualitative ».
Les femmes restent ainsi particulièrement absentes du débat politique, relève encore le rapport du GMMP. Et ce, à l’échelle mondiale comme en France, où 21% des personnalités politiques évoquées sont des femmes – ce qui rejoint d’autres observations. Une situation d’autant plus criante que la journée sur laquelle a porté l’étude, le 25 mars, se situait entre les deux tours des élections départementales, où la parité était de mise.
« Les femmes parlent bien de ce qui ne réclame pas de connaissances certifiées et ne mobilise pas de compétences professionnelles »
Globalement, les médias français ne trouvent des sources féminines que dans environ un cas sur cinq (22%). Même quand il s’agit d’universitaires ou d’enseignant.e.s, des secteurs pourtant très féminisés.
C’est pire encore du côté des experts : en France, 83% des experts cités dans l’information sont des hommes (contre 78% en 2010). Les femmes, elles, sont légèrement plus sollicitées pour parler de leur expérience personnelle ou comme témoins oculaires. D’où ce constat : pour les journalistes, « les femmes parlent bien de ce qui ne réclame pas de connaissances certifiées et ne mobilise pas de compétences professionnelles ».
Depuis quelques années pourtant, en France en particulier, la question de la place des femmes dans les médias – et des expertes en particulier – est sortie de l’ombre. Mais « les impacts de ces politiques et de ces mobilisations sont pour l’heure médiocres », ne peut que constater le GMMP. Comme si cette mobilisation avait « produit un effet inverse de celui attendu, c’est à dire le sentiment que le combat était gagné et donc ne nécessitait plus beaucoup d’attention », commente Cécile Méadel, interrogée par Les Nouvelles NEWS.
Pour changer enfin la donne, le rapport appelle notamment les pouvoirs publics à agir en mettant en place un baromètre annuel. En allant donc plus loin que ce que fait le CSA pour l’audiovisuel. D’autant que « l’enquête GMMP montre que l’information par tweets ou sur internet propose une vision aussi déformée du monde », souligne Cécile Méadel.
Femmes et hommes dans l’information en France, GMMP 2015 :
Le rapport GMMP 2015 complet (158 pages, en anglais)
Les principales observations du rapport mondial (en français)
Le rapport pour la France sera disponible prochainement
C’est l’occasion d’ouvrir notre dossier FEMMES À L’ANTENNE
1/ Le GMMP est le plus vaste et le plus long projet de recherche international existant sur le thème de la parité des sexes dans les médias. En France, l’étude a porté sur 8 stations de radio, 9 chaînes de télévision, 8 quotidiens et 8 sites internets d’infirmation , au cours de la journée du 25 mars 2015. Dans le monde, ce sont 22 136 reportages qui ont été passés au crible, dans 118 pays.