Trois femmes sur dix ont subi des violences physiques, une sur dix des violences sexuelles, relève l’Agence européenne des droits fondamentaux. « Une violation des droits de l’homme répandue que l’UE ne peut se permettre d’ignorer ».
Dans l’Union européenne, une femme sur dix a subi depuis son âge de 15 ans des violences sexuelles, et une sur vingt a été violée. Trois femmes sur dix ont subi des violences physiques.
Ces nouveaux chiffres sont issus de la plus vaste enquête jamais réalisée sur le sujet. Elle est l’œuvre de l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) qui a recueilli les témoignages de 42 000 femmes, âgées de 18 à 74 ans, dans les 28 pays de l’UE.
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« Les chiffres révélés par l’enquête ne peuvent et ne doivent tout simplement pas être ignorés (…) La vaste étendue de ce problème indique que la violence à l’égard des femmes ne touche pas seulement les victimes, mais se répercute aussi chaque jour sur la société », relève le directeur de l’Agence Morten Kjaerum.
« La violence à l’égard des femmes, en particulier la violence fondée sur le genre qui touche les femmes de manière disproportionnée, constitue une violation des droits de l’homme répandue que l’UE ne peut se permettre d’ignorer », écrit Morten Kjaerum en préambule de l’enquête, qui assène d’autres chiffres encore :
- Au cours des 12 derniers mois, ce sont 13 millions de femmes en Europe (7%) qui ont été victimes de violences physiques ; 2% ont subi des violences sexuelles.
- Plus d’une femme sur dix (12%) a été sujette à des violences sexuelles dans son enfance. Dans la moitié des cas, l’auteur était un homme qu’elles ne connaissaient pas.
- Parmi les femmes qui ont (ou ont eu) un(e) partenaire, 22 % ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de celui/celle-ci depuis l’âge de 15 ans. Et elles sont 43% à avoir subi une forme de violence psychologique de la part de leur (ex-)partenaire.
- Seulement 14 % des victimes de violences conjugales, et 13 % des victimes de violences non conjugales, ont signalé à la police l’incident le plus grave qu’elles aient subi.
Les violences conjugales, « une affaire publique et non privée »
Pour agir face à ces situations de violences, la FRA appelle les États membres, et l’Union européenne, à assurer une lutte efficace. Le premier des piliers doit être la ratification de la « Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique » du Conseil de l’Europe (dite « Convention d’Istanbul »), que seuls 8 pays ont ratifiée à ce jour. La France l’a signée en 2011 mais sa ratification est encore entre les mains des parlementaires – les députés l’ont validée le 15 février dernier.
Le Parlement européen a, de son côté, adopté la semaine dernière une résolution appelant la Commission européenne à prendre rapidement une série de mesures pour prévenir les violences à l’encontre des femmes.
Parmi ses recommandations, la FRA appelle en particulier à « répondre à l’ampleur et à la nature spécifique de la violence conjugale envers les femmes ». Des abus que les États doivent « considérer comme une affaire publique et non privée. »
La FRA souligne également le rôle que doivent jouer « les employeurs, les professionnels de la santé et les fournisseurs de services internet, pour ne citer qu’eux. »
En France, la loi pour l’égalité prévoit justement de mettre à contribution les fournisseurs de services internet, mais ils se montrent réticents (Voir : Sexisme sur internet : hébergeurs et FAI au rapport).
En 2012 en France, selon les données recueillies par l’INSEE, 4,7% des femmes de 18 à 75 ans, plus d’un million, disaient avoir subi des violences physiques ; et 1,3% d’entre elles, près de 200 000, déclaraient avoir subi des violences sexuelles. Chez les hommes, les chiffres sont respectivement de 4,3 et 0,5%.
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Photo © FRA
