
Julien Aubert lors de son altercation avec Sandrine Mazetier le 6 octobre 2014. Capture d’écran vidéos Assemblée nationale.
Le député UMP Julien Aubert qui refusait de dire « madame la présidente », va écoper d’une amende. Ce n’est pas la première fois qu’il s’oppose à la féminisation de la langue.
Lors de l’examen du projet de loi sur la transition énergétique, lundi 6 octobre, le député Julien Aubert a préféré aller au clash plutôt que de dire « madame la présidente » (voir le compte rendu de séance ci-dessous). En s’adressant à la présidente de séance, Sandrine Mazetier, l’élu UMP du Vaucluse lui a donné du « madame le président », à plusieurs reprises malgré les rappels à l’ordre. Une provocation assumée, les autres députés UMP prenant la parole dans l’hémicycle s’adressant sans rechigner à « madame la présidente ».
Après une fois de trop (et l’emploi du seul « madame »), Julien Aubert a écopé d’une inscription sur procès verbal. Ce qui lui vaudra, selon le règlement de l’Assemblée nationale, une sanction financière – une retenue d’un quart de mois d’indemnité parlementaire, soit 1378 euros (Il y a tout juste un an, l’auteur des « cris de poule » Philippe Le Ray écopait d’une sanction équivalente). Durant la séance, le député a également donné du « madame le ministre » à Ségolène Royal à plusieurs reprises.
C’est que Julien Aubert est un récidiviste. En janvier dernier, déjà, il avait insisté pour appeler Sandrine Mazetier « madame le président ». Et Cécile Duflot « madame le ministre ».
Il est vrai que le règlement de l’Assemblée n’impose pas de féminiser le titre de la présidente de séance (le règlement lui-même, d’ailleurs, n’évoque que « le Président », au masculin). Une instruction du bureau souligne certes que « les fonctions exercées au sein de l’Assemblée sont mentionnées avec la marque du genre commandé par la personne concernée ». Mais cette règle s’applique aux comptes rendus écrits de séance, pas aux interventions des député.e.s. La sanction décidée par Sandrine Mazetier ne peut se fonder, en droit, que sur l’insistance ostentatoire du député, constitutive d’une provocation.
L’Académie française accepte « présidente »
« J’applique les règles de l’Académie française », se défend Julien Aubert (un argument qu’il avait déjà développé en janvier, fautes de grammaire en prime. Il était même venu se défendre dans les commentaires de notre article). Mais le député a tort sur ce point.
L’Académie française se montre effectivement rétive à la féminisation « systématique » des noms de titre et de fonction… mais « ne s’oppose pas au principe de la féminisation en tant que tel ». Et de fait, son dictionnaire accepte l’emploi de « présidente ». Son site internet l’utilise à plusieurs reprises en évoquant des femmes qui ont occupé une telle fonction. Elle s’oppose en revanche à l’emploi de « la ministre ».
