Deux fois plus de milliardaires en 5 ans, et toujours plus de victimes de la pauvreté. Le fossé des inégalités ne cesse de se creuser, avertit l’ONG Oxfam qui appelle les responsables politiques à passer aux actes.
Le nombre de milliardaires dans le monde a plus que doublé depuis la crise financière de 2008. En mars 2009, le magazine Forbes dénombrait 793 milliardaires. Cinq ans plus tard ils étaient 1645, un record absolu. Et dans le même temps, un million de femmes sont mortes en couches, faute de disposer des services de santé de base. Dans un rapport publié mercredi 29 octobre, l’ONG Oxfam avertit : il est temps de mettre fin aux inégalités extrêmes.
Le rapport intitulé « À égalité ! Il est temps de mettre fin aux inégalités extrêmes » donne le coup d’envoi d’une nouvelle campagne d’Oxfam pour appeler les responsables politiques du monde entier à passer des paroles aux actes. « Du FMI au Forum économique mondial, du pape au président Obama, de plus en plus de voix s’accordent pour reconnaître que les inégalités constituent un défi fondamental de notre époque et que l’inaction est néfaste tant sur le plan économique que social. Malgré ces belles paroles, peu de mesures concrètes ont été prises », souligne l’ONG.
En 2013, sept personnes sur dix vivaient dans un pays dans lequel l’écart entre les riches et les pauvres est plus grand qu’il y a 30 ans.
« À travers le monde, des millions de personnes meurent faute de services de santé suffisants, et des millions d’enfants n’ont pas les moyens d’aller à l’école pendant que quelques-uns possèdent plus d’argent qu’ils ne pourraient en dépenser dans une vie », martèle Winnie Byanyima, la directrice générale d’Oxfam International.
« En France, les 1% les plus riches possèdent autant que les 70% les moins aisés de la population, soit 46 millions de personnes ! Les fortunes cumulées des familles Bettencourt et Arnault représentent presque autant que ce que possèdent les 20 millions de Français les plus pauvres, soit un tiers de la population. Et ces inégalités s’aggravent, menaçant le pacte social mais aussi la croissance elle-même », insiste Nicolas Vercken, d’Oxfam France. Depuis 2008, la France compte 440 000 enfants pauvres supplémentaires, relevait de son côté l’UNICEF mardi 28 octobre.
Un impôt de 1,5 % sur les fortunes des milliardaires du monde permettrait de scolariser tous les enfants sur cette planète
« Les inégalités entravent la croissance, corrompent la politique, ferment des perspectives et génèrent de l’instabilité, tout en accentuant les discriminations, notamment à l’égard des femmes », insiste Winnie Byanyima. « Nous ne devrions pas laisser une doctrine économique bornée et l’intérêt de quelques personnes fortunées et puissantes nous aveugler. »
« Si l’on instaurait aujourd’hui un impôt de 1,5 % sur les fortunes des milliardaires du monde, les recettes annuelles pourraient permettre de scolariser tous les enfants sur cette planète et d’offrir une couverture santé universelle dans les 49 pays les plus pauvres », souligne Oxfam, en rappelant que chaque année, le poids des frais de santé fait basculer 100 millions de personnes dans la pauvreté.
Début 2013 déjà, Oxfam dénonçait l’accroissement de « l’extrême richesse », soulignant qu’en 2012 les 100 plus gros milliardaires possédaient 240 milliards de dollars – soit quatre fois la somme permettant d’éradiquer la pauvreté dans le monde. En mars, dernier encore, c’est l’OCDE qui fustigeait les « cadeaux aux plus nantis ».
Photo : couverture du rapport d’Oxfam. Un homme poussant son vélo chargé de pastèques passe devant un panneau publicitaire d’Oman Air, faisant la promotion de ses prestations en première classe, Népal (2013). © Panos/GMB AKASH