Un tiers d’appels en plus au 39 19, des places d’hébergement d’urgence en plus, un protocole pour les dépôts de plainte à l’oeuvre dans un tiers des départements. A l’approche de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, premier bilan du plan d’action lancé il y a un an.
Chaque victime doit trouver une réponse. C’était l’objectif du nouveau plan triennal de lutte contre les violences faites aux femmes présenté en novembre 2013 par le gouvernement (Voir : Contre les violences faites aux femmes, mobilisation générale). Un an plus tard, à la veille de la journée internationale contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, le ministère des Droits des femmes dresse un premier bilan.
Davantage de places d’hébergement d’urgence, davantage d’appels au 3919
Avec d’abord un objectif chiffré en passe d’être tenu. Le plan présenté en novembre 2013 prévoit la création de1650 places hébergements d’urgence sécurisées à l’horizon 2017. A ce jour, 640 places ont déjà été créées, soit un peu plus du tiers de cet objectif, se félicite la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes.
Le gouvernement entend en outre étendre ce dispositif aux étudiantes victimes de violences, a annoncé Pascale Boistard. Pour cela, elle signera prochainement avec son homologue Geneviève Fioraso, chargée de l’Enseignement supérieur, une convention avec le CNOUS afin de réserver certains logements universitaires à des étudiantes ayant subi des violences au sein du couple.
Autre chiffre positif : celui du nombre d’appels traités par le 39 19. Depuis le 1er janvier dernier, le numéro vert géré par la Fédération nationale solidarité femmes fonctionne 7 jours sur 7, avec des horaires élargis. « Depuis, la plateforme connaît une progression conséquente des appels reçus », ce qui témoigne d’une libération de la parole, note le ministère des Droits des femmes. Entre le 1er janvier et le 31 octobre dernier, le 39 19 a reçu 60 534 appels, contre 47 380 en 2013, soit une hausse de plus d’un quart. Chaque heure, ce sont 10 femmes qui appellent ce numéro anonyme et gratuit.
Porter plainte : un protocole national, déjà mis en œuvre dans 35 départements
Encore faut-il que les pouvoirs publics répondent aussi à ces situations, « en accompagnant les victimes dès le premier contact ». D’où la mise en place d’un protocole cadre, établi par les ministres de la Justice, de l’Intérieur et des Droits des femmes, qui réaffirme le principe du dépôt d’une plainte suivi d’une enquête judiciaire lorsqu’une victime de violences au sein du couple se présente dans un service de police ou une unité de gendarmerie. En cas de refus de porter plainte, elle doit être systématiquement informée sur les conséquences de son refus, sur ses droits, sur les procédures à engager pour les faire valoir et sur l’aide dont elle peut bénéficier. Et dans ce cas la main courante pourra tout de même être utilisée par le parquet s’il décide de se saisir du dossier. A ce jour, ce protocole a été mis en œuvre dans 35 départements.
Dans ce cadre aussi, le gouvernement avait annoncé en novembre 2013 sa volonté de doubler d’ici à 2017 le nombre d’intervenants sociaux dans les commissariats et les gendarmeries pour accompagner les victimes de violences. Cela implique la création de 180 postes. Des efforts restent à accomplir puisque ce sont 50 nouveaux postes qui ont été créés entre novembre 2013 et août 2014.
« Priorité »
Chaque année, plus de 216 000 femmes sont victimes de violences commises par leur partenaire, et seules 16% portent plainte. Dans 9 cas sur 10 la victime connaît son agresseur. Et sur les 86 000 femmes qui rapportent avoir été victimes de viol ou de tentative de viol, seules 10% déposent plainte.
La lutte contre les violences représente plus de la moitié – 57% – du budget alloué aux Droits des femmes. « Depuis deux ans et demi, c’est la priorité du gouvernement en matière de Droits des femmes », assure Pascale Boistard. Un budget de 25 millions d’euros, qui reste stable en 2015.