L’écart grandissant entre les 40 % les plus défavorisés et le reste de la société a un effet négatif sur la croissance économique, calcule l’OCDE. Principalement parce que les ménages pauvres ne peuvent pas assez investir dans l’éducation
La croissance économique ne bénéficie pas forcément aux plus défavorisés. Cela, l’OCDE l’assénait déjà en décembre 2011 (Voir : Inégalités record dans les pays riches). Trois ans plus tard, dans un nouveau rapport, l’organisation économique des pays développés ajoute de nouveaux calculs qui « viennent boucler la boucle » : les inégalités de revenus freinent la croissance.
Ainsi, l’organisation estime que le creusement des inégalités a fait perdre, de 1990 à 2010, près de 9 points de croissance au Royaume-Uni, à la Finlande et à la Norvège, et de 6 à 7 points aux Etats-unis, à l’Italie et à la Suède. « À l’inverse, une situation plus égalitaire avant la crise a contribué à faire progresser le PIB par habitant en Espagne, en France et en Irlande ». Une situation plus égalitaire, même si en France aussi les inégalités se sont creusées.
« Jamais en 30 ans le fossé entre riches et pauvres n’a été aussi prononcé dans la plupart des pays de l’OCDE », rappelle ce rapport. Déjà en avril l’OCDE soulignait que ces trente dernières années les 1% les plus riches « se sont approprié la plus grosse part du gâteau » de la croissance mondiale. « Aujourd’hui, dans la zone OCDE, le revenu des 10% de la population les plus riches est 9.5 fois plus élevé que celui des 10 % les plus pauvres. À titre de comparaison, dans les années 1980, le rapport était de 7 à 1 », souligne ce nouveau rapport.
« Les inégalités de revenu compromettent les possibilités de s’instruire pour les populations défavorisées »
Ce creusement des inégalités entre très pauvres et très riches est négatif en soi. Mais ce qui pèse sur la croissance économique, selon les calculs de l’OCDE, c’est principalement l’écart entre les 40 % les plus défavorisés et le reste de la société. Et « l’éducation est la clé ».
La principale raison avancée est que « les inégalités de revenu compromettent les possibilités de s’instruire pour les populations défavorisées, limitant ainsi la mobilité sociale et le développement des compétences ».
Pour l’OCDE, « la conclusion qui s’impose est que le tout n’est pas de lutter contre la pauvreté, il faut encore prendre des mesures visant les revenus modestes dans leur ensemble ». Les efforts devant « privilégier les familles avec des enfants et les jeunes, qui prennent des décisions déterminantes en matière d’investissement dans le capital humain. »
L’organisation rappelle que la redistribution, par l’intermédiaire des impôts et des prestations sociales, est le moyen le plus direct de corriger les inégalités, et qu’elle n’est pas en soi un frein à la croissance économique, « à condition que les mesures prises dans ce sens soient conçues, ciblées et mises en œuvre correctement. »
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