Fidelio et Zouzou, deux premiers films réalisés par des femmes, arrivent sous le sapin avec chacun leur message féministe ; cinématographique pour le premier, didactique pour le second, moins réussi.
Alice est une femme dans un monde d’hommes, mécanicienne sur un cargo. Elle est aussi une femme qui aime aimer. Son voyage de quelques semaines sur le bateau Fidelio tient de l’épopée amoureuse, car son homme l’attend à terre tandis que le capitaine du bateau s’avère être un ancien amant qui remettrait bien le couvert.
Mais Fidelio n’est pas un film de plus sur une femme hésitant entre deux hommes, le cargo rouillé est davantage qu’un décor et ses marins de toutes nationalités ont une véritable existence. La réalisatrice, Lucie Borleteau, sait y faire bien que ce ne soit que son premier film, et son récit prend vite de l’ampleur.
La jeune Ariane Labed (qui a remporté pour ce rôle le prix interprétation féminine au Festival de Locarno) porte avec grâce ce personnage de marin-e qui veut tout à la fois – une vie professionnelle, personnelle, et surtout ne pas avoir à choisir. Même si la liberté de notre héroïne a un prix, ce sera celui payé par tout être humain et non pas plus cher uniquement parce qu’elle est femme.
Fidelio, l’Odyssée d’Alice de Lucie Borleteau (France 1h37), avec Ariane Labed (Prix d’interprétation féminine Locarno 2014), Melvil Poupaud, Anders Danielsen Lie. Produit par Why Not, distribué par Pyramide. Prix de la presse au Festival des Arcs. En salles le 24 décembre.
Dans Zouzou, le lieu du huis clos n’est pas un bateau mais une vieille maison de famille qui rassemble trois générations : une mère dans la soixantaine, ses trois filles et une ado, la Zouzou du titre, qui vient de disparaître avec un garçon avec qui elle a l’intention de perdre sa virginité.
Cette comédie au rythme inégal alterne les scènes réussies et ratées, ces dernières malheureusement plus nombreuses. Comme Fidelio, Zouzou a l’intérêt de parler de sexualité frontalement. La réalisatrice, Blandine Lenoir, très concernée par les questions d’égalité et de liberté, a auparavant travaillé un an pour un documentaire sur l’éducation sexuelle à l’école qui n’a pas vu le jour, et c’est dommage.
On gardera de cette comédie brinquebalante quelques morceaux de choix, le plus souvent portés par l’actrice Laure Calamy : son mime de l’éveil du clitoris, sa leçon du « faire pipi debout », et ses tirades nourries par les théories de Christine Delphy ou de Françoise Héritier sur l’exploitation des femmes.
Zouzou de Blandine Lenoir (France, 1h25), avec Laure Calamy, Jeanne Ferron, Sarah Grappin, Florence Muller. Produit par Local Films, distribué par Happiness. En salles le 24 décembre.