Les étudiant.e.s sages-femmes auront désormais le même statut que les futur.e.s médecins, profitant ainsi d’une revalorisation de leur rémunération et d’une meilleure protection sociale. Un pas en avant mais leurs revendications ne s’arrêtent pas là.
C’est une « grande avancée pour toute la profession ». Les étudiant.e.s sages-femmes viennent d’obtenir, par décret officiel, le statut d’étudiant hospitalier, au même titre que les futur.e.s médecins, dentistes et pharmacien.ne.s. « Nous sommes très satisfaites, nous nous sommes battues depuis 2011 pour cette cause », se félicite Éléonore Bleuzen, présidente de l’association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF), interrogée par Les Nouvelles NEWS.
« Ce décret permet d’éviter les dérives »
Mais concrètement, qu’est-ce-que ce changement de statut implique ? D’abord, une reconnaissance symbolique « du caractère médical de la profession ». De manière plus concrète, les étudiantes sages-femmes pourront désormais bénéficier de la même protection sociale, des mêmes droits sociaux que, par exemple, les futurs médecins avec qui elles partagent la première année de médecine.
Pour bien comprendre, il faut savoir que les étudiant.e.s en maïeutique suivent leur cursus dans des écoles dépendantes de la région, et non de l’université. « Avant, nous dépendions du règlement de chaque école. La plupart nous faisaient bénéficier des congés maladie, congés maternité et paternité, mais cela dépendait des écoles. Ce décret permet d’éviter les dérives », estime Éléonore Bleuzen.
Un premier vers l’intégration du cursus maïeutique à l’université
Le texte, qui reconnaît aux étudiant.e.s sages-femmes de 4ème et 5ème année la « qualité d’agent public » participant « à l’activité hospitalière, à l’instar des étudiants en médecine, odontologie et pharmacie », prévoit également une revalorisation de la rémunération des étudiant.e.s, passant de 1 200 à 1 549,95 € annuels brut. Une.e futur.e sage-femme bénéficiera également d’une indemnité forfaitaire de transport de 130 € « lors d’un stage en dehors de son centre hospitalier de rattachement ».
Des avancées qui peuvent paraître anecdotiques mais qui sont en réalité un « premier pas vers l’intégration des écoles de sages-femmes à l’université. Toutes les autres professions médicales dépendent de l’université, pourquoi pas nous ? », demande Éléonore Bleuzen. La région vient logiquement de perdre une compétence, concernant notamment la rémunération. « C’est maintenant une enveloppe gérée par les affaires médicales. Le CHU versera lui même la somme, cela nous enlève un pied de la région ».
Le statut de praticien hospitalier toujours verrouillé
À terme, c’est le statut de praticien hospitalier, auquel souhaitent pouvoir concourir les sages-femmes, qui est visé. « Cela se fera très lentement, sûrement dans 15-20 ans. Le nouveau statut d’étudiant hospitalier nous donne un nouvel argument mais le statut de praticien hospitalier s’obtient par concours. Un médecin ne l’a pas automatiquement, il doit témoigner d’un parcours de recherche, de clinicien et d’enseignant ». Aujourd’hui, les sages-femmes en sont exclues, elles n’ont pas l’autorisation de participer au concours.
« Il y a peu de sages-femmes qui font de la recherche, qui ont une thèse. Mais nous souhaiterions qu’elles puissent être intégrées à l’université », réclame la présidente de l’ANESF. Le ministère, lui, attend la liste de ces sages-femmes ‘docteures’ afin de pouvoir « faire du lobbying auprès des universités », souligne Éléonore Bleuzen. Mais le Premier ministre, Manuels Valls a déjà annoncé lors de la Grande Conférence de santé en février, vouloir « faire émerger un corps d’enseignants-chercheurs en maïeutique ». En attendant, « comme toujours », les sages-femmes doivent « faire leur preuves », soupire Éléonore Bleuzen. « On se bat depuis des décennies pour être reconnues ».
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