Le Premier ministre fixe des règles pour les administrations : pas question d’utiliser le ‘point milieu’ ou de remettre en cause l’idée que le masculin est aussi le neutre. Il appuie toutefois la féminisation des noms de métier, titres, grades et fonctions.
« Et en même temps »… en illustrant cette expression présidentielle, la circulaire du Premier ministre « relative aux règles de féminisation et de rédaction » des textes officiels, publiée mercredi 22 novembre au Journal officiel, ne règle pas franchement le débat sur l’écriture inclusive.
Édouard Philippe y souligne dans un premier temps que « dans les textes réglementaires, le masculin est une forme neutre qu’il convient d’utiliser pour les termes susceptibles de s’appliquer aussi bien aux femmes qu’aux hommes. »
Et le Premier ministre « invite » les fonctionnaires rédigeant des actes administratifs à « ne pas faire usage de l’écriture dite inclusive », qui désigne « une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine ». Autrement dit, il réprouve l’usage de ce ‘point milieu’, qui horrifie l’Académie française. Entre les lignes, la circulaire réprouve également toute opposition à la règle du ‘masculin l’emporte sur le féminin’. « Les administrations relevant de l’État doivent se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d’intelligibilité et de clarté de la norme », écrit Édouard Philippe.
Mais la définition qu’utilise ici le Premier ministre est restreinte. Car ce qu’on appelle « écriture inclusive » peut comprendre, de manière générale, tout moyen de redonner au féminin une juste place dans les textes.
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Or, dans cette circulaire, Édouard Philippe va aussi dans ce sens. Et, comme le remarque également Aude Lorriaux sur Slate.fr, les nombreux médias ayant annoncé que le Premier ministre « bannit l’écriture inclusive » sont allés un peu vite en besogne.
En effet, en parallèle, la circulaire insiste fortement sur la nécessaire féminisation des noms de métier, titres, grades et fonctions. En se référant explicitement au guide élaboré en 1999, déjà, par le Centre national de la recherche scientifique et l’Institut national de la langue française, intitulé « Femme, j’écris ton nom… ». Un guide que, pour le coup, l’Académie française n’a jamais complètement accepté.
Il précise ainsi que « les textes qui désignent la personne titulaire de la fonction en cause doivent être accordés au genre de cette personne. Lorsqu’un arrêté est signé par une femme, l’auteure doit être désignée, dans l’intitulé du texte et dans l’article d’exécution, comme ‘la ministre’, ‘la secrétaire générale’ ou ‘la directrice’. »
Cette deuxième partie de la circulaire vient ainsi clairement appuyer les règles de féminisation déjà en vigueur dans l’écriture des textes officiels. Elles y sont d’ailleurs officiellement recommandées depuis plus de 30 ans.
La première, en revanche, pourrait occasionner quelques frictions avec le Haut Conseil à L’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE). La veille de la rédaction de cette circulaire, sa présidente Danielle Bousquet co-signait une tribune dans le journal Le Monde, « pour montrer en quoi l’écriture inclusive est un outil de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes ».
Le HCE, instance directement placée auprès du Premier ministre, a publié en 2015 le « Guide pour une communication publique sans stéréotype de sexe » et utilise depuis plusieurs années déjà le point milieu. C’est par un tweet qu’il a réagi à la circulaire d’Edouard Philippe : « Tout frein à une communication égalitaire nous semble dommageable ».
#EcritureInclusive @dabousquet, Présidente du @HCEfh : "Tout frein à une communication égalitaire nous semble dommageable. L'usage du féminin et du masculin à égalité dans la langue devrait être une évidence".
— Haut Conseil à l'Egalité (@HCEfh) November 21, 2017
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