
La députée Lucila de Ponti lors du débat à la Chambre le 13 juin 2018 © Diputados Argentina
Les années de lutte pour le droit des femmes à disposer de leur corps ont enfin payé. La Chambre des Députés argentine a adopté de justesse la loi qui garantit le droit à l’IVG en toutes circonstances.
Il s’en est fallu de quelques voix. Par 131 votes pour, 125 contre, et une abstention, la Chambre des Députés d’Argentine a adopté jeudi 14 juin la loi sur l’interruption volontaire de grossesse, à l’issue d’une « session historique » qui a duré près de 24 heures sans interruption.
Le texte « garantit les droits des femmes et des personnes enceintes à l’interruption volontaire de grossesse » en toutes circonstances, jusqu’à 14 semaines de grossesse. En Argentine, l’IVG n’est aujourd’hui autorisée qu’en cas de viol ou de risque pour la santé de la mère.
Jusqu’au bout le scrutin s’annonçait serré, et le sort tenait au choix d’une poignée d’indécis. Pour les convaincre, elles étaient des centaines de milliers de militantes dans les rues du pays, ce soir du 13 juin, pour défendre le droit des femmes à disposer de leur corps. Un point d’orgue à de nombreux rassemblements en vert, leur couleur de ralliement, organisés régulièrement ces derniers mois.
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Une marée populaire qui a poussé un immense cri de joie. Depuis des années, les militant·e·s faisaient campagne pour le droit à l’avortement sans conditions. Le texte de loi soumis par une coalition d’associations avait pris place dans l’ordre du jour du Congrès après que le président conservateur Macri avait donné son feu vert au débat, à la surprise générale, en février dernier.
La loi doit encore être adoptée par le Sénat. Si l’issue est positive, l’Argentine deviendra le deuxième pays d’Amérique du Sud, après l’Uruguay en 2012, dans lequel les femmes peuvent avorter en toutes circonstances . La Campagne nationale pour le droit à l’avortent sûr, légal et gratuit estime jusqu’à 500 000 le nombre d’Argentines qui avortent illégalement chaque année. Et chaque année, une centaine d’entre elles y perdent la vie.