Réalisé par Carla Simón, le film Nos Soleils sort dans les salles françaises ce 18 janvier. Cette peinture sociale et militante du monde agricole est en lice pour le prix du meilleur film à la cérémonie des Goya qui se tiendra le mois prochain à Séville.
Depuis des générations, la famille Solé passe ses étés à cueillir des pêches à Alcarràs, petit village catalan. Mais le propriétaire a pour projet de couper les pêchers et d’y installer des panneaux solaires.
C’est avec beaucoup de tendresse et de bienveillance que Carla Simón filme cette famille d’exploitants agricoles confrontée à la modernité forcée. Une famille composée de plusieurs générations où malgré l’adversité et les désaccords, chacun et chacune apporte sa touche de luminosité. Le film pointe très bien du doigt le conflit actuel existant entre les enjeux écologiques et économiques, à l’image des manifestations des agriculteurs pour une rémunération plus juste par rapport à leur travail.
Après son premier long métrage Estiu 1993 avec lequel elle avait obtenu plus de trente prix dans le monde entier, ce deuxième long métrage de Carla Simón est très prometteur. Depuis sa sortie en Espagne, le film ne cesse d’être remarqué, nominé et primé, comme à Berlin l’an dernier (lire : LES RÉALISATRICES TRIOMPHENT AU FESTIVAL DE BERLIN). Nos Soleils était ainsi le film candidat de l’Espagne pour les Oscars 2023 avant de se retrouver malheureusement hors de la pré-sélection il y a quelques semaines. Il a reçu également deux nominations aux European Film Awards et a reçu des dizaines de prix internationaux.
Le 11 février prochain, se tiendra la célèbre cérémonie des Goya en Espagne où le film est nominé dans pas moins de 11 catégories dont celle du meilleur film. La majorité des nominations concerne des femmes qui ont travaillé sur le film : que ce soit Carla Simón elle-même, ou d’autres membres de l’équipe pour le son, le montage, la photographie ou encore la production.
Cette cérémonie des Goya est également à mentionner cette année pour son taux record de présence féminine. Même si celle-ci est encore inférieure à celle des hommes, l’association des femmes cinéastes souligne la présence de 40% de femmes et de 60% d’hommes (calculs à retrouver sur le site de la CIMA).
Cette présence féminine s’est clairement installée dans le cinéma espagnol ces dernières années et ne fait que progresser avec de plus en plus de réalisatrices nommées et reconnues. Dans un entretien réalisé par Marina Díaz López (Institut Cervantes), Carla Simón revenait sur le fait que lorsqu’elle était étudiante elle n’avait aucune référence de cinéma fait par des femmes avant d’ajouter « Il est nécessaire que nous, les femmes, nous racontions nos histoires et celles de personnages qui nous intéressent ».
Avec Nos soleils, la réalisatrice raconte ainsi son histoire, inspirée de sa propre famille, avec des acteurs et actrices non-professionnel·les. Dans une interview à l’Association françaises des cinémas d’art et d’essai (AFCAE), la réalisatrice explique qu’au-delà d’une réflexion sur l’agriculture, « le film est aussi une réflexion sur le manque de communication au sein des familles et sur le fait que parfois, tout serait plus facile si nous disions tout haut ce que nous pensons et ressentons ». Ce film est une tranche de vie mise en lumière de la plus belle des manières et qui parlera sans aucun doute à un grand nombre de personnes.
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Nos soleils (Alcarràs) de Carla Simón. Espagne, 2022, drame (2h). Avec Josep Abad, Jordi Pujol Dolcet, Anna Otín, Albert Bosch, Xenia Roset.