Pour ne plus entendre les journalistes dire qu’ils ne trouvent pas de femmes à interviewer, 2GAP crée des partenariats avec des rédactions pour qu’elles utilisent sa base de données d’expertes. L’AFP vient de signer.
« Femmes expertes dans les médias : la femme qu’on ne trouve pas est celle qu’on ne cherche pas! » Fort de ce principe, le réseau 2GAP[1] (Gender & Governance Action Platform), qui rassemble 75 réseaux professionnels féminins et mixtes des secteurs public et privé, signe un partenariat avec l’AFP pour donner la parole aux femmes expertes dans les médias.
20 % de femmes parmi les expert.es
La semaine passée, 6 experts, tous des hommes, ont débattu du sujet de la ménopause sur CNews. Ce cas si grossier ne doit pas masquer des faits têtus : les femmes sont sous représentées dans les média. Si l’on retient les apparitions dans les médias au sens large -fiction et information-, elles représentent 41% des personnes visibles. Dans les médias d’information, elles comptent pour moins de 30 % des personnes citées, selon la dernière étude GMMP de Médiawatch. Et elles sont très largement sous représentées parmi les experts interviewés : 20% selon des études réalisées par l’INA et le CSA entre 2019 et 2020.
Lasses d’entendre les arguments avancés pour ne rien changer, «On ne trouve pas de femmes expertes », « Elles n’osent pas », les femmes de 2GAP, propulsent leur base de données de plus de 450 profils d’expertes qualifiées. Le partenariat qu’elles viennent de signer avec l’AFP s’inscrit dans la suite de ceux signés avec France Media Monde, M6 et Alliancy, donnant ainsi accès à la base de données à tous les journalistes de ces médias partenaires.
Le réseau va plus loin en accompagnant les femmes par des séances de mediatraining pour répondre aux autres arguments avancés par certains et non dénués d’une bonne dose de mauvaise foi : « Les femmes sont trop techniques », ou pire : « Elles ne parlent que de ce qu’elles connaissent ».
Enjeu démocratique
Pour Claire Poirson, Vice-Présidente de l’association 2GAP, « Avoir autant d’expertes que d’experts dans les médias est tout simplement un enjeu démocratique et une question de survie pour les media eux-mêmes : ils ne peuvent pas continuer à donner une image aussi stéréotypée de la société et regretter que leur audience, notamment la jeune génération, les quitte pour les réseaux sociaux ».
L’ambition de 2GAP va plus loin que la parité des experts interrogés, elle vise une meilleure appréhension de la réalité: «Interroger des expertes challenge les journalistes sur le leur ligne éditoriale même, parce que grâce à leurs parcours particuliers, les femmes voient souvent des enjeux capitaux pour la société, sur lesquels les journalistes ont tendance à passer un peu vite. Nos expertes ont ainsi récemment insisté sur l’angle humanitaire dans un sujet sur un conflit armé, ou encore la dimension de santé psychologique des jeunes après la crise Covid19 au-delà de l’aspect purement technique du vaccin », explique Claire Poirson.
Les journalistes n’ont plus d’excuse pour ignorer les femmes. La base d’expertes de 2GAP s’ajoute à celle des Expertes France [2] créée à l’initiative de Caroline de Haas, deux mines d’or qui se complètent, s’enrichissent chaque jour.
[1] https://www.2gap.fr/ – Pour aller plus loin 2GAP organise une conférence le 7 décembre à l’AFP sur ce sujet.
[2] https://expertes.fr/
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