Suite aux accusations d’agressions sexuelles visant l’abbé Pierre, sa statue exposée à Norges-la-Ville a été retirée. Le même jour, dix statues de femmes marquantes de l’Histoire de France, présentées lors de la cérémonie d’ouverture des JO, ont été inaugurées à l’Assemblée Nationale. Changement de paradigme dans l’espace public.

Les statues qui trônent dans l’espace public rendent hommage à des hommes le plus souvent. Comme si le rôle des femmes était mineur dans l’Histoire de France et celui des hommes toujours héroïque. Mais deux événements pourraient changer ce récit collectif.
L’abbé Pierre descendu de son piédestal
Mardi 17 septembre, dans l’un des fiefs historiques d’Emmaüs à Norges-la-Ville (Côte d’Or), la statue de l’abbé Pierre a été retirée. Cette décision fait suite aux nombreuses accusations d’agressions qui visent l’homme religieux.
Au mois de juillet, Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre rendaient publique une enquête menée sur plusieurs mois : sept femmes témoignent des agressions sexuelles et/ou des attouchement commis par l’abbé Pierre entre les années 1970 et 2005 alors qu’elles faisaient partie de l’entourage personnel de ce dernier ou étaient salariées, volontaires et bénévoles. Depuis la révélation de ces faits, d’autres femmes ont témoigné. Aujourd’hui, elles sont 24 à l’accuser de faits similaires.
Dans les années 2000, l’abbé Pierre est l’une des personnalités préférées des Français et son aura est internationale. L’impunité des agresseurs quand il s’agit d’hommes célèbres est la règle. Ce qui explique la sidération et le silence passé des femmes agressées.
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Mais la révélation de ces agressions n’est pas comme les autres. Cette fois-ci, la mécanique infernale, où les femmes qui témoignent se retrouvent finalement en position d’’accusé, ne s’est pas abattue sur les victimes. La Fondation Abbé Pierre a même annoncé un changement de nom et la statue de son fondateur a été déboulonnée. Ce choix envoie un message fort, celui de la fin de l’impunité pour les hommes puissants.
Place aux femmes !
Au même moment, des modèles patriarcaux sont remplacés par des héroïnes féministes. C’est l’un des héritages de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 qui a fait surgir de la Seine dix statues dorées de femmes illustres : Olympe de Gouges, Simone Veil, Alice Milliat, Paulette Nardal, Jeanne Barret, Louise Michel, Christine de Pizan, Alice Guy, Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir. Qu’elles soient femme politique, militante, journaliste, avocate ou artiste, elles ont toutes marqué l’Histoire de France et l’Histoire des femmes.
Lors de la cérémonie des JO, le 26 juillet dernier, personne ne savait ce qu’elles deviendraient. Ces statues, à l’instar de l’histoire de ces femmes, allaient-elles sombrer à nouveau dans l’ombre des « grands hommes » ? Eh bien non ! Le mardi 17 septembre, à l’Assemblée Nationale, ces dix statues ont été mises en avant lors d’une cérémonie. La présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet a annoncé qu’elle seraient disposées dans la Cour d’honneur et visibles par le public du 23 septembre au 5 octobre 2024. La maire de Paris Anne Hidalgo a formulé le souhait de les voir définitivement installées le long de la rue de La Chapelle dans le 18e arrondissement. « Demain, la cause des femmes doit continuer à nous rassembler, pour que chacune trouve sa place », écrit la présidente de l’Assemblée Nationale sur X.
De nouveaux modèles
Dans l’espace d’une même journée, la statue d’un homme puissant accusé d’agressions sexuelles a été retirée et celles de femmes qui se sont battues pour les droits des femmes et l’égalité ont été célébrées. Doit-on y voir un pas en avant vers la remise en cause d’un système qui protège les agresseurs et, plus largement, la société patriarcale ?
Ce qui est sûr, c’est que les trajectoires de femmes inspirantes sont davantage mises en avant. Une bonne nouvelle alors qu’en 2023, 90 % des rues en Europe portaient des noms d’hommes de tous horizons… Tandis que les femmes, elles, étaient priées de se projeter dans la Vierge Marie ou Sainte-Anne…. Aujourd’hui, d’autres héroïnes investissent l’espace public et, du même coup, l’imaginaire collectif.
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