« A nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent », l’ancien président résumait une époque qui a aussi fait avancer les droits des femmes.
Dans le flot d’images hommage à l’ancien président Jacques Chirac mort le 26 septembre, ce qui frappe, c’est l’entre soi masculin du paysage politique. Un entre-soi qui se fissure petit à petit puisque celui que Pompidou surnommait « mon bulldozer » est « boosté » -s’il en avait besoin – par Marie-France Garaud Conseillère de l’Elysée de 1969 à 1974.
Autre grande figure aux côtés de l’ancien président : Simone Veil. L’ex-ministre de la Santé qui a, de haute lutte, fait voter la loi sur l’avortement, a toujours dit qu’elle avait eu le soutien entier de Jacques Chirac. Le Premier ministre de l’époque lui a fait livrer une immense gerbe de fleurs au petit matin suivant l’éprouvante nuit de vote de cette loi en novembre 1975. Mais il a dû faire un cheminement pour soutenir l’IVG. Au commencement, quand Valéry Giscard d’Estaing annonçait vouloir faire de l’IVG une priorité, Chirac rechignait : « Les femmes se sont toujours débrouillées, elles continueront. L’avortement (…), cette affaire de bonnes femmes». Mais il s’est vite laissé convaincre et « a tout mis en œuvre pour que la loi soit votée » écrivait la grande dame dans son ouvrage « Une vie ». Chirac la surnommait « poussinette ». Affectueux et diminutif à la fois.
Les Jupettes
Puis Jacques Chirac, président de la République, en 1995, se distingue en faisant entrer 12 femmes au gouvernement dirigé par Alain Juppé. C’est une première, un nombre jamais atteint. Elles sont plutôt secrétaires d’Etat et la première d’entre elles est 14ème dans l’ordre protocolaire. 12 femmes sur 42 membres de ce riche gouvernement, c’est 28 %. On est encore loin de la parité et l’histoire sera très courte. Six mois plus tard, remaniement, équipe réduite. Parmi les 12 membres remerciés, 8 femmes. Les sortantes sont appelées les « Jupettes ». Il n’en reste donc plus que quatre dans un gouvernement de 30 ministres. Il faudra attendre la cohabitation en 1997 pour reprendre la marche vers la parité.
Les saillies machistes
Si Jacques Chirac adopte parfois quelques combats féministes, il a, des femmes et du monde, une vision assez macho. Il entretient sa réputation de coureur qui lui vaut le surnom « 10 minutes douche comprise ».
Parmi les expressions propices à entretenir le sexisme citons sa définition de « la» femme : « Pour moi, la femme idéale, c’est la femme corrézienne, celle de l’ancien temps, dure à la peine, qui sert les hommes à table, ne s’assied jamais avec eux et ne parle pas ».
Ce toast qu’il reprenait souvent : « à nos femmes, à nos chevaux et à ceux qui les montent »
Mais aussi ces expressions qui placent le courage, l’intelligence ou la sensibilité dans les attributs masculins : « On greffe de tout aujourd’hui, des reins, des bras, un cœur. Sauf les couilles. Par manque de donneur. » ou encore : « Ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ». Et cette exclamation qui lui serait venue lors d’une sommet Européen parlant de Margaret Thatchet : « Mais qu’est-ce qu’elle me veut de plus cette mégère ? Mes couilles sur un plateau ? » Certaines sources parlent de « ménagère » et non « mégère ». Mais l’esprit reste le même.