En visite en Italie, des patrons de la Silicon Valley ont pris la pose, sans femme. Trucage : deux femmes ont été ajoutées sur le cliché. Des dirigeants supposés s’impliquer dans la chasse aux « fake news »…

Lynn Jurich
La bonne nouvelle, c’est que les hommes commencent à se sentir gênés quand ils jouent l’entre soi masculin dans des lieux de pouvoir. La mauvaise nouvelle, c’est que cet entre soi reste la norme. Illustration en une photo modifiée.
Fin mai, une quinzaine de patrons de la Silicon Valley ont rendu visite au styliste italien Brunello Cucinelli, pour un « symposium sur l’âme et l’économie ». Parmi eux, le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, le cofondateur de LinkedIn, Reid Hoffman, l’ancien PDG de Twitter, Dick Costolo, le directeur financier de Twitter Ned Segal ou le cofondateur de Dropbox, Drew Houston… Le gratin ! Et le magazine GQ a suivi ces « titans de la Tech » qui ont fait le pèlerinage jusqu’au village italien du créateur de mode. Une photo illustre le reportage avec la joyeuse bande prenant la pose. Quinze hommes mais aussi deux femmes: Lynn Jurich fondatrice de la start-up Sunrun, entreprise leader dans les panneaux solaires et Ruzwana Bashir, fondatrice de Peek, réseau social de live vidéo. Cette photo a été partagée par le créateur italien sur les réseaux sociaux
Mais très vite, un journaliste du site BuzzFeed News, Ryan Mac, a vu l’entourloupe. Les deux femmes ont été ajoutées artificiellement !
Et la photo originale 100% masculine a été retrouvée, elle avait été postée sur les réseaux sociaux et diffusée dans un journal local avant retouche par logiciel Photoshop
Explications emberlificotées de à GQ : Lynn Juric et Ruzwana Bashir étaient bien invitées au symposium mais elles n’étaient pas avec le groupe d’hommes quand le cliché a été pris. Tout le monde a accepté que la retouche soit faite… « Nous ne voulions blesser personne et n’avions aucune intention malveillante en faisant cela et nous en sommes désolés » dit un communiqué.
Cependant, quand il a eu connaissance de la manipulation, GQ a supprimé la photo de son article, jugeant qu’elle «ne correspondait pas aux normes éditoriales de GQ ».
Mais les deux femmes se sont amusées à s’ajouter sur la photo
Au-delà de cet épisode, la Silicon Valley dans laquelle se joue l’avenir du numérique et notamment du traitement des fausses nouvelles, (les « fake news »), a un sérieux souci avec la parité. Très peu de femmes dirigent des entreprises dans le numérique et ce cliché même retouché l’illustre.