L’épouse du député LFI a déposé une main courante, « suite à une dispute »… Et ce sont les féministes qui sont interpellées dans les médias.
Nouvel épisode d’anti-féminisme primaire. Les révélations du Canard enchaîné sur une main courante déposée par l’épouse du député Adrien Quatennens défraient la chronique. Et nombre de journalistes et de responsables politiques mettent en cause les féministes qui luttent contre les violences sexistes.
Le 7 septembre, l’épouse du député La France Insoumise (LFI) de la 1re circonscription du Nord déposait une main courante. Et, la veille de la publication de l’article du Canard Enchaîné, mardi 13 septembre, un communiqué signé par le couple prenait les devants : « Suite à une dispute après avoir annoncé sa volonté de séparation, Céline Quatennens a déposé une main courante en précisant aux policiers qui l’ont entendue qu’elle ne souhaitait ni porter plainte ni qu’il y ait de suites judiciaires à cette main courante ».
L’hebdomadaire satirique apprenait également que le parquet de Lille avait décidé de se saisir de l’affaire mais ne donnait aucune information..
Auparavant, contrairement aux plaintes, les mains courantes ne devaient pas déclencher de poursuites et n’étaient pas transmises au Procureur de la République. Mais il y a un an, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, a décidé une exception dans le cas de violences conjugales afin de lutter contre les féminicides. «La consigne que nous donnons est que le policier ou gendarme doit alors faire un signalement au procureur. L’objectif est que 100 % des constatations se transforment en plainte ou en signalement à la justice, tout en proscrivant définitivement les mains courantes», expliquait-il en août 2021.
Selon BFM TV, d’autres faits de violence auraient été dénoncés par l’épouse du député.
Cette nouvelle affaire impliquant un homme politique n’ouvre pas de réflexions sur la lutte contre les violences sexistes… Au contraire : s’imposent dans l’espace médiatique des péroraisons sur l’air de « alors les féministes de gauche, vous ne dites plus rien ».
Ça commence dès la fin du court article du Canard enchaîné qui s’en prend à la cible préférée des médias et conclut ainsi ses révélations sur Adrien Quatennens : « Tout est donc bien qui finit bien (sic !) Et Sandrine Rousseau va sûrement applaudir »
L’avocat et chroniqueur G-William Goldnadel a illico twitté l’article de Valeurs Actuelles sur le sujet, accompagné de l’interpellation « Toujours dans l’attente impatiente des réactions des dames Clementine Autain et Sandrine Rousseau qui ordinairement ne plaisantent pas avec les mains courantes. » Les deux « dames » sont députées LFI pour Clémentine Autain et EELV pour Sandrine Rousseau. Et on ne compte plus, sur les réseaux sociaux, les interpellations adressées à leurs collègues de gauche et de toutes les féministes qui luttent contre les violences faites aux femmes.
Comme si ces féministes étaient responsables de la violence des hommes. Comme s’il fallait absolument reprendre l’éternel narratif de domination masculine : focaliser l’attention sur une supposée folie des féministes pour ne pas engager la lutte contre la violence machiste.
Tout récemment, Sandrine Rousseau a été agressée de toutes parts alors qu’elle soulevait une question pertinente dans un débat paisible. Le même mécanisme de défense de la domination masculine était à l’œuvre
Lire : ILS DÉFENDENT (MAL) LEUR STEAK FACE À SANDRINE ROUSSEAU
Sur Twitter, la conseillère de Paris, Raphaëlle Rémy-Leleu, EELV, a pris clairement position et rappelé cette citation de Virginia Woolf : « l’histoire de la résistance des hommes à l’émancipation des femmes est encore plus instructive que l’histoire de l’émancipation des femmes. »
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