Les talibans privent les femmes de droits et d’autonomie. Ils les forcent à se cacher. Si elles contreviennent à leurs règles, les sanctions s’abattent sur les hommes de leur famille.
« En Afghanistan, 100 % des femmes sont portées disparues » : la terrible affiche de l’association Negar, soutien aux femmes d’Afghanistan a été postée sur les réseaux sociaux après le nouveau coup porté aux femmes et aux filles par les talibans. Un décret du « chef suprême » , Hibatullah Akhundzada, a ordonné aux femmes de couvrir intégralement leur corps et leur visage avec un voile intégral grillagé au niveau des yeux, aussi appelé burqa. Il leur ordonne aussi de sortir le moins possible.
Depuis quelques jours, elles n’ont plus le droit de conduire. Il y a quelques mois, l’école leur était interdite.
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Chaque jour la situation empire et les plus âgées retrouvent les même terribles conditions de vie qu’il y a 21 ans quand les talibans avaient réussi à s’emparer du pouvoir.
Les femmes afghanes sont privées de leurs droits fondamentaux : droit à l’éducation, au travail, aux activités politiques, sociales, culturelles… Voici qu’elles doivent désormais se cacher pour répondre aux délires de leurs bourreaux : « afin d’éviter toute provocation quand elles rencontrent un homme » disent ces talibans. Et comme si ça ne suffisait pas à les déposséder d’elles-mêmes, les sanctions prévues dans le cas où des femmes contreviendraient à ce dictat ne s’adressent pas à elles mais aux hommes qui sont supposés les posséder. Les deux premières infractions seront sanctionnées d’un avertissement à ces chefs de famille. A la troisième, ils écoperont de trois jours de prison, et à la quatrième ils seront traduits en justice.
« Les talibans enlèvent aux femmes et aux filles le peu d’autonomie qui leur reste. Ils créent une situation dans laquelle ce n’est même pas aux femmes/filles de décider si elles vont résister parce que ce sont les membres masculins de leur famille qui sont en danger. » a twitté Heather Barr, directrice adjointe chargée des droits des femmes à Human Rights Watch.
Interviewée sur CBC, elle doute que « le monde se soucie tant que ça des droits des femmes ». Elle fait remarquer que « la plupart de nos dirigeants politiques sont encore des hommes. Je déplore que nous n’ayons pas vu plus d’actions sur l’Afghanistan de la part des pays qui se sont engagés à avoir une politique étrangère féministe. »
Et, en effet, la communauté internationale, engagée ou non dans la diplomatie féministe, semble bien démunie et toujours peu décidée à bouger. Certains avaient la naïveté de croire les talibans lorsqu’ils disaient qu’ils avaient changé quand ils ont pris Kaboul en août 2021. Comme le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui semblait accorder du crédit aux talibans parlant de constituer un « gouvernement inclusif. »
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La Mission d’assistance de l’ONU en Afghanistan, dans un communiqué, affirme qu’elle « va demander « immédiatement » à rencontrer les autorités de facto des talibans pour obtenir des éclaircissements sur le statut de cette décision ». Elle compte également « engager des consultations avec les membres de la communauté internationale concernant ses implications »…
A chaque nouveau coup de massue, les courageuses femmes afghanes manifestent à Kaboul et dans de grandes villes, mais elles subissent la répression féroce du régime et beaucoup se retrouvent en prison… Si la communauté internationale ne bouge pas, leur situation est désespérée.