Surnommé le « Trump argentin », le brutal président élu dimanche, prêche, à sa façon, la liberté. Liberté de la vente d’armes, de la vente d’organes, de l’identité de genre… mais pas de l’IVG.
Javier Milei a remporté par 55,6 % des voix, contre 44,3 % l’élection présidentielle en Argentine. Une victoire écrasante d’un colérique qui veut avant tout détruire… A 53 ans, cet économiste, qui était député de la coalition La Libertad Avanza (« la liberté avance »), n’était vraiment entré en politique qu’il y a trois ans.
Celui qui se dit qui se dit « anarcho-capitaliste » et que beaucoup placent à l’extrême droite a mené une campagne brutale, tout en insultes, grossièretés et incohérences. Il est même allé jusqu’à brandir une tronçonneuse lors d’un meeting, symbole des réductions drastiques des dépenses publiques qu’il veut engager.
Pendant sa campagne, il a dit à plusieurs reprises vouloir dégager « à coups de pieds au cul » la « caste politique qui parasite » l’Argentine depuis 30 ans et « tronçonner » l’État. Dans ses meetings et passages à la télévision, il vocifère contre ces « gauchistes de merde »… Révisionniste, il nie les 30.000 morts et disparus sous la dictature argentine (1976-1983), et affirme qu’il y en a eu moins de 9000. Et, bien sûr, il nie la responsabilité humaine dans le changement climatique tout comme ses deux modèles : Donald Trump et Jair Bolsonaro, anciens présidents américain et brésilien.
Liberté, sauf liberté des femmes d’avorter
Javier Milei a une conception très particulière de la liberté. La drogue ? Laissez faire, ça regarde ceux qui en consomment à condition que cette addiction ne coûte rien à l’Etat… L’identité de genre ? Même argumentation brutale « Vous vous prenez pour un puma ? Grand bien vous fasse, du moment que je n’ai pas à payer la facture. » a-t-il déclaré selon Courrier International.
Courrier International a rassemblé quelques « phrases chocs » de la campagne de celui qui ne recule devant aucune incohérence. Sur la vente d’organes, il a prôné une libéralisation totale « dans une interview à la radio argentine Mitre, en juin 2022, reprise par le quotidien Clarín : “C’est un marché comme un autre. Pourquoi l’État doit-il tout réguler ? C’est une décision qui appartient à chacun. Pourquoi je ne pourrais pas décider ce que je veux faire de mon corps ? C’est la première de mes propriétés. Pourquoi je ne pourrais pas en disposer ?” » Il n’était pas loin de dire oui à la vente de bébés et d’enfants, mais ses propos ont choqué et il est revenu dessus.
En revanche, concernant le droit à l’avortement que les Argentines n’ont obtenu réellement qu’en 2020, pas de liberté. Courrier International a relevé : « “La femme peut disposer librement de son corps, mais ce qui est dans son ventre n’est pas son corps » et affirme qu’il aime répéter : « L’avortement est un assassinat, aggravé par le lien avec l’auteur. Un assassinat alourdi par la différence entre les forces en présence. »
Le 28 septembre dernier, Journée mondiale du droit à l’avortement, les féministes défilaient en Argentine et, sentant la menace, publiaient Une tribune dans Las 12. Pour défendre le droit à l’IVG « sous la menace des factions néoconservatrices qui s’affrontent actuellement sur l’échiquier politique et tiennent par ailleurs un discours profondément misogyne opposé aux droits issus des luttes féministes »
Celui qui vient d’être élu avait alors aussi promis de fermer le ministère des Droits des femmes et de supprimer les cours d’éducation à la sexualité et à l’égalité…