Ces agentes au service des écoles maternelles voient leur travail « invisible » s’accroître, pas leur salaire. La pénibilité du métier – port de poids, gestes répétitifs- est tout aussi invisible.
Lundi 5 septembre, les Atsem étaient en grève et les médias ont beaucoup parlé d’elles, ce qui peut être une bonne chose pour faire aboutir des revendications.
Atsem signifie agents – plutôt agentes- territoriaux spécialisés des écoles maternelles. 99 % des Atsem sont des femmes et malgré leurs diplômes, la pénibilité de leur travail et leurs compétences de plus en plus étendues, elles restent au bas de l’échelle des salaires et des statuts de fonctionnaires territoriaux. Parce qu’elles font un travail en général assigné aux femmes, ce travail souffre d’invisibilité… tant et si bien qu’on leur a ajouté au fil du temps d’autres travaux « invisibles ».
De même, dans ce genre de métier on ne parle pas de « pénibilité » qui pourrait donner droit à des retraites anticipées et des primes. Ce terme est accepté pour des métiers exercés majoritairement par des hommes qui, par exemple, doivent porter des charges lourdes ou faire des gestes répétitifs. Et pourtant, elles portent des enfants, font des gestes répétitifs dans des positions inconfortables. « On est obligés de changer les couches à même le sol » dit une gréviste de Saint-Etienne dans « Le Progrès ».
Lire : la pénibilité invisible du travail féminin
Elles prennent le plus souvent leur poste très tôt le matin pour l’accueil des enfants, préparent les salles de classe, des ateliers pédagogiques, accompagnent les enfants à la cantine, puis, pour les plus petits, à la sieste ainsi qu’aux toilettes où elles doivent enseigner la propreté, en fin de journée, elles doivent aussi assurer la sortie des enfants et le nettoyage des classes. Soigner des bobos. Et assurer un grand ménage pendant les vacances.
Au fil du temps, leurs missions se sont élargies : en 2014, certaines communes leur ont confié de « nouvelles activités périscolaires », évitant ainsi l’embauche d’animateurs et animatrices. Et depuis un décret publié en 2018, elles « appartiennent » à la communauté éducative, tandis qu’auparavant elles y « participaient » seulement. Il leur arrive souvent de pallier le manque d’enseignants. « Très souvent, on voit des Atsem qui ont seules la charge d’une classe entière » dans des classes « de 25 enfants, des tout petits » assure, sur France info, Delphine Depay, dirigeante de la CGT Services publics, chargée des filières sociale et médico-sociale.
Mais ces femmes ont l’impression de passer sous les radars des professions dont il faut améliorer les salaires et conditions de travail. Elles n’ont pas touché la prime de 183 euros mensuels octroyée aux puéricultrices, aides-soignants et aides à domicile par le Ségur de la santé. Et c’est un des motifs de grève.
Titulaire d’un CAP « petite enfance », les Atsem ont dû réussir un concours. Fonctionnaires territoriales de catégorie C, elles demandent à passer dans la catégorie B et souhaitent une reconnaissance de la pénibilité de leur métier.
Et bien sûr elles demandent des augmentations de salaires. Aujourd’hui, elles commencent au smic et peuvent terminer leur carrière aux alentours de 1 700 euros net, pour une quarantaine d’heures de travail par semaine.
Le ministère de la Fonction publique dit suivre « avec attention » la mobilisation, et annonce qu’il se penchera sur le cas des Atsem lors d’un prochain travail global sur les rémunérations dans la fonction publique.
Les Atsem annoncent une nouvelle journée de grève nationale le 29 septembre prochain.
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