Le Tribunal constitutionnel chilien a validé la loi qui autorise l’avortement sous trois conditions. Les Chiliennes ont « reconquis un droit fondamental », salue la présidente Michelle Bachelet.
C’est acquis. L’avortement est désormais autorisé au Chili, sous trois conditions (« tres causales », ainsi que la loi était surnommée) : en cas de risque pour la vie de la mère ; de malformations de l’embryon ou du fœtus incompatibles avec la vie extra-utérine ; ou lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol. Par six voix contre quatre, le Tribunal constitutionnel a donné son feu vert à la loi, lundi 21 août,
Après deux ans et demi de débats, le Parlement chilien avait adopté le texte le 3 août, mais l’opposition conservatrice avait saisi le Tribunal constitutionnel, invoquant la Constitution qui protège le droit à la vie. Les juges suprêmes ont donc suivi l’avis des défenseures du droit à l’IVG, qui s’étaient mobilisées en nombre pour défendre la loi « Tres causales ». La Miles (Coalition pour les droits sexuels et reproductifs) soulignait notamment que la Convention inter-américaine des droits humains « n’accorde pas le statut de personne à l’embryon, tout en protégeant la vie et l’autonomie des femmes. »
La présidente Michelle Bachelet, salue « un jour historique pour les femmes du Chili »,
¡Día histórico para las mujeres de Chile! Con la aprobación de las #3causales, avanzamos en un derecho básico para nuestra dignidad.
— Michelle Bachelet (@mbachelet) August 21, 2017
« Les femmes du Chili ont conquis ou reconquis, un droit fondamental, qui est le pouvoir de décider pour nous-mêmes dans des cas extrêmes », a souligné la présidente lors d’une conférence de presse.
Au Chili, l’avortement était légal depuis 1931 mais avait été criminalisé en 1989, dans les derniers mois de la dictature Pinochet. Lors de sa première présidence, entre 2006 et 2010, Michelle Bachelet avait tenté d’ouvrir ce droit, sans succès alors face à la puissance de l’Église catholique et des lobbies anti-avortement.
Désormais, « la législation du pays s’harmonise avec les normes internationales en matière de droits humains et nous avons quitté le groupe de la honte qui pénalise l’avortement sans aucune exception », se réjouit Ana Piquer, directrice générale d’Amnesty International Chili.
Un « groupe de la honte » qui ne compte plus désormais que Haïti, le Honduras, le Nicaragua, la République dominicaine, le Salvador et le Surinam en Amérique du Sud, et en Europe Malte et le Vatican.