Une étude calcule la baisse de niveau de vie des enfants en cas de séparation des parents. Une chute amortie par des mécanismes sociaux… Mais pas par la lutte contre les inégalités professionnelles.
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La séparation parentale entraine « une baisse de niveau de vie marquée et durable pour les enfants » indique une étude de France Stratégie, organisme rattaché à Matignon, et de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée mercredi 31 janvier,
Chaque année en France, environ 380.000 enfants sont concernés par la séparation de leurs parents. Et leurs conditions de vie en sont lourdement affectées.
Baisse de 25 % si l’enfant réside avec la mère, 11% avec le père
L’analyse, qui « documente à hauteur d’enfant » les conséquences des séparations, indique que la baisse de niveau de vie est de 19 % en moyenne l’année de la rupture. Cette baisse est durable et atteint 12 % cinq ans après. Mais pour les enfants qui résident principalement avec leur mère, la baisse initiale est de 25 % l’année de la séparation alors qu’elle est de 11 % si l’enfant réside avec le père. Cet écart se résorbe cinq ans après la séparation. « La remise en couple du parent gardien fait disparaître la baisse de niveau de vie, mais elle ne concerne que 30 % des enfants six ans après la séparation » indique l’étude.
En résidence alternée, la baisse de niveau de vie des enfants est moindre, de l’ordre de 12 % en moyenne par rapport à leur niveau de vie antérieur à la rupture. Mais c’est une moyenne, « le niveau de vie étant plus faible dans le foyer maternel que dans le foyer paternel » souligne France Stratégie. La baisse de niveau de vie s’atténue ensuite et atteint 6 % six ans après la séparation.
Doublement du taux de pauvreté
La chute du niveau de vie est plus abrupte pour les enfants vivant dans des ménages aisés. La baisse est de l’ordre de 27 % l’année de la séparation, et toujours de 22 % au bout de cinq ans. Pour les enfants des ménages les plus pauvres l’écart est alors de l’ordre de l’ordre de 6 %.
Après séparation des parents, le taux de pauvreté des enfants fait plus que doubler, pour atteindre 29 % l’année de la séparation. Mais il est de 40 % quand l’enfant réside chez la mère et de 29 % quand il réside chez le père. Ce taux de pauvreté est toujours de 21 % cinq ans après séparation.
Ce risque de pauvreté est de 13 % lorsque les enfants sont en résidence alternée. Et « près d’un quart des enfants en résidence alternée sont pauvres avec un de leurs parents – plus souvent la mère (15 %) que le père (9 %) −, tandis qu’une minorité (6 %) sont pauvres chez leurs deux parent ».
Baisse d’activité professionnelle des mères avant séparation = appauvrissement après
Le taux d’activité des femmes, leur niveau de rémunération avant séparation explique aussi la paupérisation de leurs enfants. : « plus le nombre d’enfants est élevé, moins les mères apportent de ressources à la famille : d’environ 40 % en moyenne dans les ménages avec un ou deux enfants, leur contribution aux revenus du couple n’est que d’un tiers dans les ménages avec trois enfants, et d’un peu plus d’un quart dans ceux avec quatre enfants ou plus. Cela s’explique notamment par une proportion de mères sans activité professionnelle avant la séparation croissante avec le nombre d’enfants : 13 % des mères de un enfant sont sans activité, contre 45 % de celles ayant quatre enfants ou plus »
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Et l’égalité professionnelle ?
L’étude montre aussi que l’appauvrissement des enfants est amorti par des mécanismes de solidarité et… par le travail des mères. Parmi les transferts sociaux et fiscaux : l’Allocation de soutien familial (ASF) complète ou supplée la pension alimentaire, le Revenu de solidarité active (RSA) majoré pour les parents isolés, les allocations familiales, l’Aide personnalisée au logement (APL), la possibilité d’accéder à un logement social…
Cette chute du niveau de vie des enfants est aussi amortie par la reprise d’activité professionnelle des mères, « plus fréquente lorsque les mères se séparent que lorsque les parents restent ensemble », note France Stratégie.
Mais l’étude ne va pas plus loin. Pourtant, si l’égalité professionnelle et salariale entre femmes et hommes était une réalité, l’appauvrissement des enfants en cas de séparation des parents serait bien moindre. En outre, comme l’ont démontré de nombreuses recherches, l’augmentation des salaires des femmes enrichirait les caisses des amortisseurs sociaux.