La journaliste Astrid de Villaines démissionne de la chaîne parlementaire LCP où Frédéric Haziza, qui l’avait agressée sexuellement en 2014, reste à l’antenne.
Astrid de Villaines démissionne de la chaîne parlementaire LCP, où elle aura passé sept ans. Un départ directement lié, selon le média spécialisé La Lettre de l’audiovisuel qui a dévoilé l’information, à la confiance accordée par la direction à son présentateur star Frédéric Haziza. « Est-ce normal que la présumée victime doive plier bagage pendant que son prétendu agresseur tient l’antenne ? », interroge l’article signé par Sandra Muller, la journaliste qui a lancé à l’automne dernier le hashtag #BalanceTonPorc. Réaction similaire de la part de l’association de femmes journalistes Prenons la Une, qui exprime son « regret que la victime soit encore celle qui trinque ».
Retour sur la chronologie des faits. En novembre 2014, Astrid de Villaines dénonçait auprès de sa direction des faits de harcèlement sexuel de la part de Frédéric Haziza. Le présentateur vedette de la chaîne avait alors écopé d’un avertissement.
Trois ans plus tard, portée par la vague #MeToo et #BalanceTonPorc, Astrid de Villaines décidait de porter plainte pour ces faits. La justice a ouvert une enquête préliminaire, tandis que la direction de la chaîne lançait une enquête interne et, dans ce cadre, décidait le 21 novembre de suspendre la participation de Frédéric Haziza dans ses émissions.
Une suspension de courte durée. Le présentateur était de retour à l’antenne dès le début du mois de janvier, l’enquête interne ayant conclu qu’il n’avait pas récidivé depuis les faits dénoncés en 2014. Une décision vivement contestée par la société des journalistes de LCP. Les journalistes dénonçaient un rapport d’enquête tronqué, « qui ne reflète pas le malaise profond ressenti par la rédaction », et souhaitaient que Frédéric Haziza reste à l’écart de l’antenne jusqu’à ce que la justice se prononce.
C’est donc finalement Astrid de Villaines qui ne sera plus à l’antenne de LCP. La journaliste a confirmé dimanche 18 février l’information de la Lettre de l’audiovisuel. Un départ pas exempt de malaise, lui non plus. « J’aurais préféré partir dans d’autres circonstances, mais le climat était trop pesant », explique Astrid de Villaines.
Mise à jour : La Société des journalistes de LCP déplore lundi 19 février « le départ dans des conditions déplorables » d’Astrid de Villaines, « un coup dur pour les droits des femmes et pour la rédaction, dont elle était un pilier ».
La journaliste, qui devrait signer un CDD de trois mois au Monde, souhaitait une rupture conventionnelle (ce qui, contrairement à une démission, donne droit à des indemnités), ce que la direction de LCP lui a refusé. La PDG de la chaîne, Marie-Eve Malouines, défend un choix dicté par la bonne gestion de l’argent public, mais n’a semble-t-il pas fini de le payer.
Je t'ai connu bonne journaliste Marie-Eve, je te retrouve garante de la pire espèce de la langue de bois pour protéger tes petits intérêts. Merci de me donner envie de ne jamais te ressembler. https://t.co/0sDCvZqTwI
— Vanessa Descouraux (@vdesc) February 18, 2018
D’autant que cette affaire se déroule sur fond de renouvellement de la présidence de LCP. Nommée pour trois ans en mai 2015 par le bureau de l’Assemblée nationale, Marie-Eve Malouines est candidate à sa succession mais ne part pas favorite.