Le documentariste Sébastien Lifshitz a suivi pendant trois ans Sylvie Hofmann, cadre hospitalière à la tête d’une équipe de jeunes infirmières à l’hôpital nord de Marseille. Une vie héroïque et invisible racontée avec une distance et un franc parler salutaires.
Grande, souriante, cheveux courts et yeux bleus pétillants, Sylvie Hofmann est une guerrière de la santé débordée, à la limite du burn-out. « Bienvenue dans ma vie » répète-t-elle avec humour toute la journée. Aussitôt attachante et sympathique, elle représente ces soignantes dont on a salué opportunément le dévouement lors de la crise du Covid avant d’oublier bien vite à quel point elles sont mal traitées par le système. Le film coïncide avec le moment où Sylvie, après une vie de dévouement, décide qu’il est temps de penser à elle.
A travers trois générations de femmes dans le soin hospitalier (la mère de Sylvie, Micheline, un vrai personnage, a été infirmière toute sa vie, les « filles » de son équipe forment une bande joyeuse), le film rend hommage à leur force de caractère dans un système public de santé aujourd’hui vacillant : « D’ailleurs, je me demande ce qui va se passer lorsque tous les soignants de sa génération partiront de l’hôpital, souligne le réalisateur. La nouvelle génération est plus soucieuse de justice sociale et du traitement qui leur est réservé ». Aujourd’hui il est de moins en moins question d’accepter ces vies de sacrifice, et en cela « Madame Hofmann » est aussi un film politique.
Après votre rencontre avec « Madame Hofmann », on vous conseille du même réalisateur « Petite fille », portrait d’un jeune garçon qui s’est toujours senti fille ; « Adolescentes », parcours de quelques années dans la vie de deux amies d’une ville de province ; ou encore « Les invisibles » sur les couples d’homosexuel.le.s âgés (en accès libre sur MK2 Curiosity).
Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz, (documentaire 1h44), produit par Agat Film, distribué par Ad Vitam, en salle le 10 avril 2024.