Ce week-end SagaPlanet vous invite à un voyage à travers les vins.
Un des points communs des régions du Sud telles que la Toscane, la Provence Côte d’Azur, la Catalogne ou l’Aquitaine est la culture de la vigne et la fabrication du vin. La vigne est, avec l’olivier, le maillon qui nous lie aux temps passés comme il est le présent que nous offrons aux générations futures.
Son origine mythologique se trouve chez Dionysos, fils de Zeus et de Sémélé, seule mortelle à avoir enfanté un dieu. Lors de sa grossesse, elle demanda à Zeus de lui montrer sa puissance, mais ne put supporter la vue des éclairs et de la foudre…elle mourut et Zeus fit sortir Dionysos du ventre de sa femme pour le coudre dans sa cuisse…
A peine né, Dionysos dut se cacher des foudres de Héra, la déesse de la Terre et femme déesse de Zeus… L’enfant eut une vie vagabonde, cachée et rebelle. Il enseigna le vin aux Hommes et essaima des vignes partout en Méditerranée…
C’est à Marseille que le vin est le plus connu au VIe siècle avant JC… rouge et épais, il est issu de vendanges tardives. Marseille étant un port de commerce, on exporte le vin partout en Méditerranée. Ainsi en est-il des Grecs et des Etrusques qui en font un commerce fructueux. Rome se renforçant, la République va imposer des consommations de ses propres vins sur ses territoires ainsi que sur ceux des pays limitrophes.Certains grands crus apparaissent à ce moment : le Cécube, vin doux, madérisé, le Sabinum, vin blanc, fort, le Falerne, fort apprécié, le defrutum, vin cuit agrémenté d’olives noires et d’aromates. On sépare déjà les cépages nobles de ceux destinés à la consommation commune.
Le vin de Barcelone prend un essor considérable, malgré sa faible qualité. Seul le Lauro ou les vins des Baléares pouvaient se battre contre les vins italiens en termes de qualité.
La concurrence est rude et conduit le Sud de la Gaule à investir le vin à son tour. Sur toute la côte méridionale, à partir de Nice et vers l’Espagne, on bâtit des coopératives viticoles pour rationaliser la production. On créé des amphores pour transporter plus de vin et dans des meilleures conditions.
Les vins de Marseille, de Fréjus, d’Arles ou de Béziers, montent en gamme. La Gaule est aussi septentrionale et fait remonter le commerce jusque dans les terres du Nord. Bien plus tard , les Chevaliers Teutoniques seront des acteurs importants de ce grand commerce.
Lors de la christianisation des zones méridionales, les évêchés centralisent le commerce ; lors de la vague monastique, certains monastères se lancent dans la production, ainsi le monastère Saint-Honorat.
On buvait du vin à la cour papale en Avignon ou au Parlement d’Aix-en-Provence. Le Roi René « roi vigneron », venait à Aix gouter les plaisirs de la fête ; c’est aussi à son retour en Provence après la perte de son royaume de Naples qu’il introduisit le cépage muscatel. La famille de Florence des Albizzi apporta à Cassis de nouveaux cépages muscatel et en fit de multiples plantations.
Mais c’est au Moyen-Age que la production et le commerce du vin s’organisent. La Bourgogne d’abord voit sa production augmenter de façon importante. Les abbayes s’arrangent bien et se retrouvent avec les meilleures terres entre Givry et Dijon. L’abbaye de Citeaux fut extrêmement bien lotie : Meursault, Beaune, Vougeot…
A Bordeaux, le vigneron, laborador de vinhas, est un acteur central de la vie économique. Il est aidé d’un ouvrier des vignes, obreys de vinhas. Son développement s’est vraiment réalisé lors du mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenêt, duc de Normandie, Comte d’Anjou. De religion chrétienne, l’Angleterre a besoin de vin pour célébrer la messe. Le Bordelais devient le « cellier de l’Angleterre ».
Cette manne est aidée par des exemptions fiscales. Les Bordelais envoient des vins de clarets, vin rouge léger souvent réalisé à base de mélanges. Seule l’achèvement de la guerre de Cent ans tarira ce commerce. Les vignerons devront se réorienter vers de nouvelles formes de travail : ils crééront le bourdieu, domaine viticole, ancêtre des propriétés actuelles.
Ce n’est qu’au XVIIe s que les vins se raffinent et que leur origine est mise en avant. La famille de Pontac dans le Bordelais aurait la première, mis en avant cette origine : elle sera le futur Haut-Brion. En 1666, François-Auguste de Pontac ouvre à Londres une taverne, « L’Enseigne de Pontac » où John Locke, Daniel Defoe ou Swift viennent boire.
Thomas Jefferson, encore ambassadeur des Etats-Unis, note sur son carnet les crus. Il est en liaison avec une nouvelle sorte de commerçants viticoles : les négociants-éleveurs, qui bonifient le vin, l’embouteillent et en garantissent l’origine. Des courtiers apparaissent, intermédiaire entre le négoce et la propriété.
La Révolution allait perturber cet équilibre économique et il faut attendre l’arrivée de la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux, de Bordeaux Marseille et de l’arrivée de Napoléon III pour que le libre-échange s’établisse à nouveau. Il incite à améliorer la qualité des vignes et à améliorer la production et le traitement des sols.
Des négociants ont pignon sur rue : Calvet, Cruze, De Luze, Eschenauer, Dourthe… Des châteaux apparaissent. Les médocs et les Sauternes font fureur. La région s’enrichit considérablement.
L’arrivée de l’œnologie a considérablement poussé les viticulteurs et propriétaires à améliorer les conditions de traitement de la vigne et de stockage du vin.
De nos jours, le Bordelais reste, avec la Bourgogne, le must en termes de vins. Les meilleurs crus y sont créés : Châteaux d’Yquem (Sauternes), Latour (Pauillac), Lafite-Rothschild (Pauillac), Margaux (Margaux), Mouton-Rothschild (Pauillac), Haut-Brion (Pessac-Léognan).
Ces derniers ne doivent pas effacer tous les autres crus, qu’ils fussent de Bourgogne, du Bordelais, de Provence ou de Toscane… Un bon Chianti, bu en regardant le coucher de soleil sur la douce Toscane, ou un cote de Provence, bu à la terrasse d’un restaurant sur les hauteurs de Ramatuelle, près de Saint-Tropez seront autant de bonheurs dans votre vie.
Mais attention, suivez les conseils de Dionysos, n’abusez pas… Les dérèglements dûs au vin n’étaient autorisés qu’aux satyres, mi-hommes, mi-animaux, dotés d’oreilles et de queue de cheval, qui assaillaient les compagnes de Dionysos, les Ménades, dansant en pleine transe et envahies de ferveur dionysiaques… Les Centaures aussi se déchainaient et se transformaient. Alors consommez-le avec modération et appréciez-en toute la richesse…