
Une collaboratrice sur cinq victime d’une agression sexuelle à l’Assemblée nationale, une sur deux entend des blagues sexistes selon une enquête. En 2019.
Lors d’une audition à l’Assemblée nationale Mercredi 20 mars, le collectif «Chair collaboratrice » a présenté les résultats d’une enquête devant donner une idée du niveau de sexisme persistant au Parlement. Ce collectif, créé en octobre 2017 dans la foulée de l’affaire Baupin était né d’un raz-le-bol. Alors que les collaboratrices pensaient que cette affaire allait calmer les esprits, le sexisme persistait, certains hommes trouvant drôle de menacer : « je vais te baupiner» … Entre autres réflexions sexistes. Les collaboratrices liaient leur sort à leur statut précaire : pas de convention collective et situation de dépendance forte vis-à-vis du député. Difficile de dénoncer le harcèlement quand on peut se retrouver dehors du jour au lendemain.
Depuis deux ans quoi de neuf ? Pas vraiment d’amélioration de leur sort a priori. L’Assemblée nationale ne jouit pas d’une forte culture de l’égalité des sexes. En guise d’introduction à cette audition Michel Larive député FI, parle de la « journée de LA femme » (et non de la journée internationale des Droits des femmes) avant que deux collaboratrices de députés, Andréa Khoshkhou et Brune Seban, ne dévoilent les conclusions de leur étude. Elles ont adressé leur questionnaire aux 577 boîtes mail des députés au début du mois de mars. 137 personnes – anonymes – (sur environ 2000 qui auraient pu être concernées) ont répondu : 67% de femmes et 33% d’hommes.
Résultat : Une femme sur deux a été victime de blagues sexistes ou sexuelles, . Une sur trois a été victime d’injures sexistes, ou « d’attitudes insistantes et gênantes » comme des « regards » ou le mime d’« actes sexuels ». Une sur cinq a été victime d’une agression sexuelle ». sur son lieu de travail ou lors de missions professionnelles ou encore de propos sur son « apparence » ou sa « vie personnelle ». Une sur cinq a été victime « d’avances sexuelles » non souhaitées. Une sur six déclare qu’on lui a touché « seins, fesses ou cuisses » contre son gré. Ces actes ne sont pas forcément le fait des députés qui les emploient. Dans 60 % des cas, il s’agit d’un autre député ou un autre collaborateur, et dans 12 % des cas du député employeur. Un tiers des collaboratrices disent n’en avoir parlé à personne.
Le collectif « Chair collaboratrice » insiste à nouveau sur l’environnement de travail qui serait propice au harcèlement : embauche directe par le député, le travail de nuit ; les bureaux « qui font office de chambre »…
Quelles solutions ? Le collectif préconise la mise en place d’une cellule d’écoute indépendante. Laquelle pourrait saisir le procureur avec l’accord de la plaignante. Il demande aussi « le gel de la clause de loyauté en cas de dénonciation de situation de harcèlement. » Dans son rapport d’activité 2018, la déontologue de l’Assemblée Nationale qui reçoit parfois des victimes de violences morales ou sexuelles observe que le code de déontologie des députés ne contient aucune disposition spécifique relative au harcèlement ou plus généralement à l’exercice de leur fonction d’employeur .