La dessinatrice Emma dénonce cette fois-ci les médias à la papa qui ont suggéré que la charge mentale, c’était « la faute des femmes ».
Charge mentale : en mai dernier, la dessinatrice Emma croquait avec talent les inégalités domestiques, dans les faits et dans les têtes, dans une BD intitulée « Fallait demander ». Hourras soulagés sur les réseaux sociaux : les femmes comprenaient mieux ce qui les épuisait, assumer le travail domestique et surtout penser à tout organiser. Les hommes se divisaient en deux catégories. Ceux qui ouvraient les yeux, remerciaient la dessinatrice et s’engageaient à prendre leur part de charge mentale… et ceux qui se sentaient (injustement !) attaqués.
Moins de réaction en revanche de la sphère politique qui n’a pas eu l’air de se sentir concernée. Pourtant Emma suggérait bien ce qu’ont toujours dit les féministes : « Le privé est politique » et, par exemple, un congé paternité renforcé serait bienvenu pour prendre l’habitude de partager la montagne de tâches mentales et physiques qui s’imposent lorsque l’enfant paraît. Mais sur ce sujet, la politique fait le gros dos. Emmanuel Macron avait fait de l’allongement du congé paternité une de ses promesses de campagne : à quand les propositions ?
Et la presse ? C’est pire. L’énorme succès de la BD sur les réseaux sociaux ne pouvait pas être passé sous silence par les grands médias. Alors les rédactions se sont gratté la tête pendant l’été pour trouver un angle… pas trop longtemps. Foin d’approche politique du sujet. C’est l’angle pratico-pratique qui a été choisi dans la plupart des rédactions. Avec conseils, à elles, pour surmonter la charge mentale… Quand la presse évoque des sujets qui touchent les femmes, on est dans la sphère privée, intime, pas dans la sphère politique. On ghettoïse le propos dans un supplément « femmes » ou dans la presse féminine. Et ce propos prend des allures de petit manuel de soumission volontaire. Les journaux énoncent des injonctions à travers des conseils aussi irréalistes qu’inefficaces. Et à la fin, ce sont les femmes les coupables.
Emma dénonce tout cela dans une deuxième BD intitulée « La faute des femmes ». Certaines gazettes donnent cinq conseils, d’autres sept, c’est la surenchère. Avec un summum atteint par celui-ci : fredonner… En revanche Emma a bien cherché dans la presse : aucun conseil pour dire aux hommes comment prendre leur part de charge mentale. C’est comme ça, la presse à la papa : aux hommes la politique, la sphère publique, aux femmes les injonctions culpabilisantes à tout assumer dans la sphère privée.
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