Nous voici déjà fin juillet, trois films réussis de réalisatrices sont à voir dans les salles de cinéma : « L’aventura », « Sorry Baby » et « Aux jours qui viennent ».

L’aventura. Une ode aux vacances bordéliques
Commençons par suivre en Sardaigne une petite famille composée de Sophie Letourneur (la réalisatrice, débordée de fatigue), Philippe Katerine (qui cherche surtout à s’échapper) et leurs deux enfants : Raoul boule d’énergie de trois ans qui n’a pas encore appris à maitriser son caca ; et Claudine pré-ado qui supporte avec patience le bordel généralisé. Avec cette chronique familière et son dispositif expérimental (les dialogues sont écrits à partir d’enregistrements de ses vraies vacances en Italie), la cinéaste signe une comédie originale. Elle choisit de garder les moments où il ne se passe rien, les engueulades devant le coffre de la voiture, la difficulté à choisir une pizza, les cacas de Raoul, les trous dans les slips, la vacuité d’une journée. « On va pas le faire ce film, il se passe rien », conclut Philippe Katerine, qui offre toute sa drôlerie au film. « Au contraire, c’est la vie, il se passe tout » lui répond Sophie Letourneur. « L’aventura » est en salle depuis le 2 juillet dernier.
Sorry Baby. Un premier film américain drôle et sensible
Eva Victor est une inconnue de 31 ans qui s’est fait connaitre sur les réseaux par de petites pastilles comiques. Elle tient le premier rôle de son premier film, Agnès, brillante universitaire meurtrie après un viol. Découpé en chapitres, « Sorry baby » raconte sur quatre ans comment une jeune femme est sauvée par sa meilleure amie, par un petit chat perdu, par un voisin qui l’apprivoise ; et aussi et surtout par son propre courage. La cinéaste a la politesse des désespérés, de l’humour et de la légèreté pour traiter de cette agression jamais montrée, mais qu’elle a vécue (elle ne s’en cache pas dans ses interviews). Introvertie, anxieuse, non binaire, fragile et solide à la fois, Eva Victor est une nouvelle voix du cinéma indépendant américain, à suivre assurément. Le film est en salle depuis le 23 juillet.
Aux jours qui viennent. Le portrait d’un homme nocif
La scénariste et cinéaste Nathalie Najem a choisi de traiter le thème de la violence masculine en suivant un homme toxique, pervers narcissique, jaloux et toxicomane. Ce thriller naturaliste intitulé « Aux jours qui viennent » montre le mécanisme d’emprise non pour pardonner, mais pour tenter de comprendre comment la violence se met en place, touchant toute à chacune d’entre nous. Face à un homme dangereux incarné par un Bastien Bouillon impeccable (aussi sombre ici qu’il était lumineux dans « Partir un jour »), les femmes s’épaulent, se débattent, s’échappent. Les personnages de son ex-compagne et de sa nouvelle femme, de sa fille et de sa propre mère, sont incarnées par des comédiennes talentueuses, Zita Hanrot, Alexia Chardard , Marianne Basler, qui sont loin d’être des victimes et pourtant sont blessées. « Aux jours qui viennent » de Nathalie Najem est sorti le 23 juillet dernier.