Enarque discrète, Claire Landais succède à Marc Guillaume dépeint comme un homme autoritaire, en guerre de pouvoir avec Jean Castex et Emmanuel Macron.
Claire Landais conseillère d’État, est nommée secrétaire générale du Gouvernement annonce le Compte rendu du Conseil des ministres du 15 juillet 2020. Elle était Secrétaire générale de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) depuis le 5 mars 2018. Diplômée SciencesPo et de l’ENA, Claire Landais est Conseillère d’Etat depuis 2000. En 2008, elle est devenue directrice des affaires juridiques du ministère de l’Education nationale et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En 2012 était nommée Directrice des affaires juridiques du ministère de la défense.
Claire Landais est peu connue. Elle n’apparait dans les médias que très brièvement à l’occasion des auditions parlementaires auxquelles elle répond. Toujours avec calme, précision, pédagogie. Le 30 avril dernier elle répondait aux questions de la commission de la défense de l’Assemblée nationale parce que le SGDSN qu’elle dirigeait a joué « un rôle central en matière de préparation et de réponses aux crises » indiquait la présidente de la commission, la députée Françoise Dumas. Elle a notamment dû mettre en musique une partie de la politique de commande de masques au pic de la pandémie de coronavirus.
Première ministre bis ?
Le rôle du secrétaire général du gouvernement est de coordonner le travail du gouvernement d’un point de vue administratif et n’a pas de prérogatives politiques. Créé en 1935, ce poste était jusqu’ici, considéré par certains comme un poste de Premier ministre bis. Il n’avait jamais été occupé par une femme. Pourtant, la nomination de Claire Landais n’a pas fait beaucoup de bruit dans les gazettes. Même pas de titres avec « une femme » (lire : « UNE FEMME », L’EXCEPTION QUI CONFIRME LA RÈGLE MEN ONLY)
C’est plus le départ de son prédécesseur qui est commenté dans les grandes largeurs. Marc Guillaume, présenté comme un « homme puissant » occupait la fonction depuis 2015. Et c’est manifestement une guerre de pouvoir qui l’a opposé au Premier ministre et au président de la République ainsi que le suggèrent les titres des journaux (qui signalent juste la nomination de Claire Landais au détour d’une phrase) : Le Point a dégainé le premier en apprenant le scoop avec ce titre : « Jean Castex obtient la tête du ‘Premier ministre bis’ ». L’Express a suivi : « Jean Castex obtient la tête du secrétaire général du gouvernement »… Marc Guillaume était, semble-t-il, un secrétaire général très autoritaire qui empiétait parfois sur le terrain des responsables politiques. Jean Castex et lui auraient eu quelques guerres de territoire lorsque le nouveau premier ministre avait pris ses fonctions de « monsieur déconfinement ».
Dans Le Monde on apprend que le président de la République n’est pas étranger à ce limogeage. Jean Castex aurait été épaulé par son directeur de cabinet, le macroniste Nicolas Revel, lequel a été soigneusement placé à ce poste par Emmanuel Macron. Le Monde souligne aussi que le président de la République voulait en finir avec le « centralisme, [le] jacobinisme, cet entre-soi énarchique »… C’est finalement une Enarque qui est nommée… Mais puisqu’il s’agit d’une femme, ça casse une autre forme d’entre-soi. Mais pas jusque dans les médias : celle qui ne semble pas être une adepte de la guerre de pouvoir est éclipsée. Il faut beaucoup chercher sur twitter, haut lieu d’envoi de messages politiques pour trouver des personnes qui parlent d’elle. Anne-Sophie Avé, Enarque comme elle, et Ambassadrice de France au Ghana a voulu la présenter ainsi :
Merci @JeanCASTEX d’avoir nommé Claire Landais SGG. Elle est un conseiller d’Etat pragmatique, brillante, loyale, d’une intelligence exceptionnelle, profondément juste et humaine. Pour nous qui devons appliquer les textes ‘coordonnés’ par le SGG, c’est une merveilleuse nouvelle!
— Anne Sophie (Akosua) Avé (@annesophieave) July 15, 2020