Concentration record de gaz à effet de serre, réchauffement revu à la hausse… malgré les signaux d’alarme, la Conférence de Durban sur le climat, la semaine prochaine, ne débouchera sur aucun engagement fort. Et ce ne sera sans doute pas le cas avant 2020.
A quelques jours de l’ouverture de la conférence des Nations Unies sur le climat (du 28 novembre au 9 décembre à Durban, en Afrique du Sud), le pessimisme est de mise. Deux ans après le frustrant sommet de Copenhague (notre dossier), le sentiment d’urgence face aux menaces du réchauffement climatique est retombé.
Pourtant, la situation apparaît pire qu’il y a deux ans. Il faut s’attendre à un doublement des émissions mondiales de gaz à effet de serre durant les 40 années à venir, selon les dernières analyses de l’OCDE qui appelle au « courage politique » à Durban pour éviter « un avenir funeste » : « une hausse moyenne de 3 à 6 degrés de la température du globe pourrait s’ensuivre d’ici la fin du siècle en l’absence d’initiative décisive des gouvernements. »
En 2009, l’objectif du sommet de Copenhague était de prendre des décisions pour limiter ce réchauffement à 2°C à la fin du siècle, selon les recommandations du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat).
Au début du mois, devant les députés de la Commission du développement durable, l’ambassadeur en charge des négociations internationales sur le changement climatique affichait lui aussi son pessimisme. « Il semblerait que les évolutions soient encore plus rapides et plus importantes qu’on ne l’imaginait », constatait Serge Lepeltier. Les scientifiques du GIEC ne rendront pas leur prochain rapport avant 2013, mais selon l’ambassadeur sur le climat, le groupe d’études « se demande d’ores et déjà si le réchauffement climatique n’atteindra pas, à terme, 5 à 6 degrés Celsius. »
Le 21 novembre, un bulletin de l’Organisation météorologique mondiale (ici en anglais) signalait que la concentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère a atteint un record en 2010.
Pas d’accord avant 2020 ?
Et pourtant, aucun engagement global sur la réduction des émissions de GES ne sortira de Durban. Le protocole de Kyoto arrive à échéance en 2012. Ce protocole était « le seul acte comportant des engagements juridiquement contraignants », rappelait la ministre de l’Écologie, mercredi 23 novembre en Conseil des ministres. Mais sa prolongation pour l’après-2012, considérée comme un objectif primordial il y a deux ans, « n’est pas une fin en soi » aujourd’hui. Un aveu d’échec.
On sait déjà que les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre, les États-Unis et la Chine, ne s’engageront pas, du moins pas cette année encore, sur un accord contraignant multilatéral. Le nombre de pays qui souhaitent s’engager au-delà de 2012 est « limité » : ils représentent seulement un sixième des émissions mondiales, rappelait encore Nathalie Kosciusko-Morizet.
La France vise donc maintenant l’échéance de 2020 pour parvenir à un accord global large et ambitieux. Et ce, en deux étapes, rappelait Serge Lepeltier : il faut « que les pays émergents – dont les émissions de CO2 par tête d’habitant se développent désormais fortement – évoluent dans leur position en vue d’aboutir, à terme, à un accord global comprenant l’ensemble des pays du monde. » On chauffe, on chauffe…