Malaise et vives réactions en Allemagne après des dizaines d’agressions sexuelles, liées à des vols, dans la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne.
Des agressions sexuelles « massives » contre des femmes, dans la nuit du nouvel an, font la une de l’actualité en Allemagne. A Cologne, environ 90 femmes avaient porté plainte mardi 5 janvier après avoir été agressées dans la gare centrale ou à proximité, la nuit du nouvel an, par des bandes de jeunes hommes. Ces attaques semblent avoir eu pour motif principal des vols, mais elles étaient fréquemment accompagnées d’agressions sexuelles. Une plainte pour viol a également été déposée. Des faits similaires, de moindre ampleur, se seraient déroulés dans la ville de Hambourg.
Ces agressions – übergriffen – ont pris une dimension nationale en début de semaine. Le ministre de la Justice Heiko Mass évoque « une nouvelle dimension de la criminalité organisée ». Même si, pour l’heure, de nombreuses zones d’ombre persistent sur ce qui s’est réellement passé, l’affaire est d’autant plus sensible que la police a évoqué des suspects originaires d’Afrique du Nord et du Moyen Orient. De quoi attiser les incantations anti-immigration qui accompagnent l’accueil massif de réfugiés en Allemagne. Cologne est d’ailleurs la ville dont la nouvelle maire, Henriette Reker, avait été poignardée en octobre, en raison de son soutien à l’accueil des réfugiés.
Changer les comportements
Henriette Reker a elle-même été critiquée pour un conseil donné lors d’une conférence de presse mardi 5 janvier, alors que la foule se pressera à nouveau dans les rues de Cologne en février, pour le carnaval : pour éviter les agressions, les femmes devraient « rester à distance » des inconnus, une distance « d’au moins la longueur d’un bras ». Une réflexion vivement critiquée sur les réseaux sociaux, où la maire a été accusée de faire porter aux femmes la responsabilité d’actes commis par des hommes. La presse dans l’ensemble est moins critique, soulignant que Henriette Reker a été prise de court par la question d’un journaliste qui lui demandait comment les femmes pouvaient se protéger. Lors de sa conférence de presse, la maire de Cologne a également promis davantage de présence policière et une vidéosurveillance accrue pour le carnaval.
« Ce ne sont pas les femmes, mais les hommes, qui doivent changer leur comportement », a souligné comme en écho la ministre de la Famille Manuela Schwesig, lors d’une conférence de presse mercredi 6 janvier à Berlin. « Le temps où les femmes ne pouvaient pas porter de minijupe est révolu », a insisté la ministre, tout en soulignant que les agressions de Cologne « montrent que la violence sexuelle en Allemagne est un problème. ». Tout en mettant en garde, comme d’autres responsables politiques, contre une suspicion générale envers les réfugiés, Manuela Schwesig a poursuivi : « Nous devons identifier clairement lorsque des groupes spécifiques ne montrent aucun respect pour les femmes ».