Le tribunal administratif de Paris a rejeté des demandes visant à interdire l’écriture « inclusive » sur des plaques commémoratives dans l‘Hôtel de ville. La féminisation du pouvoir politique progresse.
La mairie de Paris a le droit de graver sur ses murs les mots ainsi écrits : « Conseiller.e.s» et « Président.e.s ». Le tribunal administratif de Paris vient de le confirmer dans une décision rendue le 14 mars.
Les pourfendeurs de la féminisation du pouvoir politique, ne reculant devant rien, étaient en effet allés en justice pour faire interdire l’écriture dite « inclusive ». Une écriture qui fait notamment apparaître le féminin sur des intitulés de postes de pouvoir habituellement déclinés seulement au masculin. Notons que les opposants à la féminisation des noms de fonction ne se crispent aucunement face à la féminisation de fonctions d’éxécutant.es comme ouvrière ou agente d’entretien… Féminiser les intitulés des postes de pouvoir revient donc à accepter la féminisation du pouvoir et ça met les conservateurs en rage.
Objet de leur courroux : sur le mur du couloir menant à l’hémicycle de l’Hôtel de ville de Paris, deux plaques rendent hommage aux «Conseiller.e.s» de Paris et «Président.e.s» depuis que ces plaques ont été refaites pour y ajouter des noms suite à une décision prise en 2017.
En décembre 2021, le groupe d’opposition « Changer Paris » s’en était ému reprochant à la majorité de gauche de « réécrire l’histoire en gravant son idéologie dans le marbre de l’Hôtel de ville » sans se demander quelle idéologie ils voulaient eux-mêmes continuer à graver dans le marbre . Et l’association « Francophonie avenir (AFRAV) » avait déposé, en mars 2022, « une requête au Tribunal administratif de Paris contre Mme Hidalgo, une requête en excès de pouvoir… » Une requête que cette association, en croisade contre l’écriture inclusive, explique à sa façon dans un long billet sur son site.
Raté ! Cette vision conservatrice du monde n’est inscrite dans aucune loi. Le tribunal administratif de Paris a rejeté le recours. « La langue de la République est le français » rappelle le tribunal. Ainsi, « toute inscription ou annonce apposée ou faite sur la voie publique, dans un lieu ouvert au public ou dans un moyen de transport en commun et destinée à l’information du public doit être formulée en langue française ». Cependant, aucun texte légal ne dit que l’écriture inclusive ne relève pas de la langue française. « L’écriture inclusive ne méconnaît pas la loi du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française » ni « aucun autre texte ou principe », a estimé le tribunal administratif de Paris ajoutant même que le barrage de Jean-Michel Blanquert alors ministre de l’Education en 2021 ou la lettre de l’Académie française s’opposant à l’usage de l’écriture inclusive sont « sans incidence sur la légalité de la décision attaquée de la Ville de Paris. » précise la délibération au 14 mars 2023.
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