
Image Fondation des femmes
Un maire, un magistrat… les sanctions contre les auteurs de violences misogynes tombent très lentement. Les mesures contre les féminicides connaissent des défaillances.
Pierre-Olivier A., ex-vice-procureur au Parquet national financier (PNF) va être rétrogradé… Enfin une sanction pour ce magistrat qui avait, en un premier temps été muté au parquet de Versailles après révélation de faits de harcèlement sexuel. Selon les informations obtenues par Le Point, le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti a fini par se ranger à l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature rendu le 23 mars dernier. Le comportement du magistrat avec les femmes, sur son lieu de travail, avait été dénoncé dès novembre 2019. Une magistrate du PNF l’avait entendu lui dire notamment « Oui, c’est ça, toi la nana canon, avec ton mec blindé et qui baise comme une lapine… », « Fais gaffe, ça coule »… Il était allé jusqu’à lui enfoncer un doigt dans le nez, affirmant élégamment que : « C’était à défaut de le [lui] mettre ailleurs. » Puis une greffière avait dénoncé des comportements comparables et avait déposé plainte.
Cette semaine aussi, Georges Tron, maire de Draveil, a finalement annoncé qu’il démissionnait de ses mandats, trois mois après sa condamnation pour viol… Il s’était pourvu en cassation et continuait de diriger sa ville depuis sa cellule après avoir écopé, en février, de cinq ans de prison, dont trois ans ferme pour viol et agressions sexuelles… Le Conseil des ministres aurait pu le révoquer, il ne l’a pas fait, Eric Dupont-Moretti se montrait outré… (lire : « QUELLE HÉRÉSIE » ? LE GARDE DES SCEAUX, AVOCAT, FACE À LAURENCE ROSSIGNOL)
Cette semaine aussi, un nouveau féminicide montre les défaillances dans la protection des femmes victimes de violences par conjoint ou ex. Stéphanie, 22 ans, a été mortellement poignardée à 5 reprises par son compagnon âgé de 23 ans, en pleine rue face au commissariat fermé de la ville d’Hayange en Moselle. BMFTV rapporte que ce dernier portait un bracelet électronique qu’il aurait arraché et que l’homme mis en examen et écroué avait tenu des propos menaçants envers sa compagne lors d’un parloir le 25 février, en prison. La justice avait connaissance de cet incident. La victime avait déposé une main courante et une plainte contre son conjoint en novembre 2020, police secours était intervenue plusieurs fois à leur domicile… Si, en un premier temps, le procureur de la République de Metz, a affirmé qu’il n’y avait pas eu de « dysfonctionnement judiciaire », le gouvernement a fini par lancer une mission d’inspection pour faire « toute la lumière » sur cette affaire. Lors du féminicide de Mérignac début mai les ministères de la Justice et de l’Intérieur avaient aussi déclenché une mission d’inspection (lire : LE FÉMINICIDE DEVIENT UN SUJET POLITIQUE, MAIS…)
.Désormais de nombreux médias s’indignent des dysfonctionnements des systèmes de protection qui permettent que de tels crimes se produisent. Et c’est un progrès. En revanche, les réactions du gouvernement sont de plus en plus poussives. Anne -Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes pointe les responsabilités des ministres de l’Intérieur et de la Justice dans ces dysfonctionnements. Gérald Darmanin n’a « même pas le temps de faire un seul discours sur le sujet des féminicides, une prise de parole… » a-t-elle déploré sur BFMTV. Le ministre était sans doute trop occupé à déformer les propos d’Audrey Pulvar, accusant la candidate socialiste aux régionales de taper sur la police…
Anne-Cécile Mailfert raconte qu’elle avait pu avoir un rendez-vous en février avec Gérald Darmanin pour évoquer la remontée des chiffres de féminicides. Mais ce rendez-vous a été annulé par le ministre. Elle déplore que des dysfonctionnements tels que celui qui a mené à la mort de Stéphanie « existent en pagaille ». Elle voit la situation s’aggraver « Les choses s’étaient améliorées, on avait bien travaillé avec Christophe Castaner (ancien ministre de l’Intérieur) et Nicole Belloubet (ancienne ministre de la Justice), et en 2020 on avait vu une baisse des féminicides. Là par contre, le duo Dupond-Moretti/Darmanin, c’est la catastrophe » lâche la présidente de la Fondation des femmes.
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