Chaque victime doit désormais trouver une réponse. C’est le but du nouveau plan de lutte contre les violences faites aux femmes présenté vendredi par le gouvernement. Un plan dont le budget a été doublé. L’indifférence n’est plus tolérée.
En 2012, 148 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint. Une sur dix subit des violences au sein du foyer. Moins de 20 % d’entre elles, ont vu des médecins, des travailleurs sociaux ou des policiers. Autant de professionnels pas réellement formés pour comprendre ce qui se joue dans le huis clos du foyer. Et rarement en mesure d’apporter une réponse efficace (voir -> Violences : les professionnels de santé manquent de formation)
A quelques jours du 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a présenté le quatrième plan triennal visant à éradiquer ces violences, un plan de 66 millions d’euros sur trois ans, soit le double du précédent.
Aucune violence déclarée sans réponse pénale sociale ou sanitaire. Finies les mains courantes sans suite, le plan prévoit « le principe de l’enregistrement d’une plainte et limite le recours aux mains courantes aux seuls cas de refus répétés de la victime et en l’absence de gravité des faits» Et même dans ce cas, le dispositif prévoit que la police fasse des visites surprise. Le classeur des mains courantes «violences conjugales», sera régulièrement contrôlé par le parquet qui pourra décider de se saisir.
Doublement du nombre des intervenants sociaux en commissariats et en brigades de gendarmerie. Quand les femmes battues osent pousser la porte du commissariat, elles repartent en général avec les coordonnées d’associations d’aide aux victimes qui ne sont pas assez nombreuses. Les effectifs d’assistantes sociales dans les locaux de la police vont doubler pour passer à 350 d’ici à 2017.
Le 39.19 fonctionnera 7 jours sur 7. Le numéro vert géré par la Fédération nationale solidarité femmes, qui reçoit plus de 50000 appels par an ne fonctionnait que du lundi au samedi de 9 heures à 22 heures faute de moyens. Beaucoup d’appels restaient sans réponse. Le plan va sensiblement augmenter son budget pour qu’il soit ouvert 7 jours sur 7.
1650 hébergements d’urgence. Mettre les femmes battues à l’abri de leur bourreau, avec leurs enfants, c’est la première urgence. Le plan prévoit la création de 1650 places sécurisées et avec un accompagnement adapté, le temps que les femmes puissent trouver une solution quand elles ont fui leur domicile.
Réponses urgentes en cas de viol. 27 plaintes pour viol déposées chaque jour, 10.000 viols constatés, 1.400 seulement font l’objet d’une condamnation. Le plan prévoit de mettre à disposition des professionnels, d’un « kit de constatation en urgence » pour effectuer des prélèvements en cas de viol, sur le modèle de celui utilisé aux Etats-Unis par les Sex Assault Response Team. Najat Vallaud-Belkacem, a également annoncé vendredi que le gouvernement étudiait la possibilité d’une prise en charge à 100 % par la sécurité sociale des femmes victimes de viol.
Tous concernés. Un spot de sensibilisation. Pour lutter contre l’indifférence qui permet cette violence, le plan prévoit une campagne intitulée «contre les violences, libérons la parole ». Le ministère des droits des femmes a largement répandu par email, auprès des associations, une invitation à faire connaître la campagne. Il faut aider les victimes à porter plainte. « Je compte sur vous » dit sans détour la ministre.
Contre les violences, libérons la parole ! par droitsdesfemmes
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