« Déplacer la culpabilité vers l’agresseur » : le 23 février, une première conférence nationale sur la sécurité dans les milieux festifs voulait miser aussi sur des messages à destination des agresseurs.
Le 15 février, le gouvernement publiait son plan national autour des violences sexuelles et sexistes au sein des établissements festifs sur son site officiel. (lire ici) En réaction à cette campagne jugée peu convaincante par beaucoup d’associations, plus d’une quarantaine d’entre elles se réunissaient, mercredi 23 février, à la machine du Moulin Rouge. Parmi elles : Héro-ïnes 95, Consentis, Technopol, Fêtez Clairs, Nous toutes, à l’origine de l’opération #safebar…
Act Right, l’organisation à l’origine de cet événement, mandatée par le ministère de la Culture, s’est donnée pour mission de rendre la fête plus sûre pour les femmes, plus mixte et respectueuse de l’environnement. « Dansons librement dans nos lieux festifs » est sa devise.
Pour Cindie, membre d’Act Right, cette première journée était avant tout un moyen pour les différentes associations de mûrir un projet commun, s’articulant autour de l’idée de « déplacer la culpabilité vers l’agresseur. »
Si l’émergence de hashtags un peu chocs tels que #balancetonbar pouvait susciter une forme de méfiance de la part de certains professionnels de la nuit, il s’agissait de dénouer les incompréhensions et de trouver un consensus pour une stratégie commune. Certains hashtags peuvent paraître stigmatisants au regard du monde de la nuit, mais Cindie le rappelle : « Il y a un problème qui est déjà existant et on doit s’en saisir, cela dépasse largement le cadre des milieux festifs. »
Pour Eïna du collectif Héro-ïnes 95, le bilan de cette première rencontre est plus que positif. Elle l’affirme : « cela ne sert à rien de légiférer sur les produits, le produit peut changer selon les vagues d’agression, il faut faire de la prévention. » Premier mot d’ordre : alerter. Une des idées phares est ainsi d’élaborer une campagne de communication de prévention et de sensibilisation d’ampleur nationale sur la soumission chimique : « Pour nous l’essentiel est la question de l’éducation de nos futur.e.s fêtards et fêtardes et des gérants des établissements. »
Deuxième idée phare : s’adresser aux potentiels agresseurs. Pour « lutter contre la culture du viol, et pour soutenir les victimes », Héro-ïnes 95 a repris sur son compte Instagram des affiches du Collectif Féministe Contre le Viol qui donnent « 11 conseils pour éviter le viol en soirée » : 11 conseils adressés aux personnes qui agressent et qui se terminent tous par : « Ne violez pas ». Ou encore les visuels de #ToléranceZéro qui rappellent les comportements interdits via 5 pictogrammes : ne pas droguer quelqu’un à son insu; ne pas toucher quelqu’un sans son consentement; ne pas agresser ni verbalement ni physiquement; ne pas discriminer; ne pas voler.
Les projets des prochaines sessions de ces conférences d’associations sont déjà annoncés. Une enquête grand public afin d’obtenir des données chiffrées sur les cas d’agressions est prévue : à quelle fréquence adviennent-elles ? sont-elles plus courantes en milieu festif ?… Un groupe de travail se dédiera à l’élaboration d’un protocole de prise en charge de la victime mais aussi de l’agresseur.
La pétition #MeTooGHB lancée par l’organisation atteint presque 16.000 signatures et cet événement n’est que le premier d’un cycle de réflexion qui se tiendra chaque trimestre afin de mettre en place des actions communes sur le territoire. L’objectif final : présenter en fin d’année un programme à mettre en place avec le gouvernement pour un changement profond dans les mentalités et dans la sécurisation des client.e.s.