Ces deux grands événements sportifs sont sous-médiatisés quand les athlètes sont des femmes, les compétitrices sont peu soutenues. Et au bout du compte le sport reste perçu comme un univers d’hommes.
Ce jeudi 20 juin, de l’autre côté du globe, débute la Coupe du monde féminine de football organisée par la Nouvelle-Zélande et l’Australie… Et on a bien failli ne pas en entendre parler en France (Coupe du monde féminine invisible?) Il a fallu batailler pour que des chaînes de télévision acceptent de diffuser l’événement, en faisant baisser les tarifs (Deux co-diffuseurs pour les Bleue). Et ceci malgré le (relatif) succès médiatique de la Coupe du monde 2019 qui se tenait en France.
Bien sûr, on peut évoquer l’éloignement, les horaires des matches, les dates, en plein milieu des vacances ou dire que les médias avaient piscine… La principale raison de ce désamour est qu’il s’agit d’une compétition féminine. Quelles que soient les circonstances, les Coupes du monde de foot masculines ont un retentissement médiatique assourdissant.
Le sport est et reste un bastion de sexisme démesuré.
Et que dire du Tour de France féminin qui doit s’élancer à partir de Clermont-Ferrand le 24 juillet ? Tellement ignoré que, lorsqu’on demande au moteur de recherche de Google des informations sur « Tour de France Femmes » ce jeudi 20 juillet, les premiers liens qui sortent envoient vers le coureur belge Wout van Aert, qui a quitté le Tour ce jeudi pour rejoindre sa femme sur le point d’accoucher.
Pendant que les médias sont braqués sur les mollets, les mines réjouies ou pleines de souffrance ou sur les bobos des compétiteurs hommes qui traversent triomphalement la France, les femmes regardent la carte du petit tour qui les attend : huit étapes, huit petits jours pendant lesquels leurs performances seront éclipsées par la boucle des hommes.
Chaque progrès enregistré pour la pratique du sport par les femmes a des allures d’aumône.
Certes, côté foot, les primes pour les joueuses ont été augmentées par rapport à la Coupe du monde 2019. Elles ont été triplées par la Fifa. Mais elles sont loin des rémunérations des hommes. Et surtout, il faut que les femmes arrivent en Coupe du Monde pour commencer à recevoir des rémunérations sérieuses. Ça ne résout pas le problème du vivier de joueuses. « Concrètement, chacune des 736 joueuses engagées touchera au moins 30.000 dollars, la somme allouée pour les effectifs des équipes qui ne passeront pas la phase de poules. Les montants vont ensuite en augmentant, jusqu’à 270 000 dollars pour la capitaine qui soulèvera le trophée après la finale, et ses 22 coéquipières (60 000 en huitièmes, 90 000 en quart, 165 000 pour les quatrièmes, 180 000 pour les troisièmes, 195 000 pour les finalistes).» indique France Info.
Mais les fédérations ne les aident pas beaucoup. Un rapport du syndicat mondial des footballeurs et footballeuses, Fifpro, sur les conditions de qualifications à la Coupe du monde, indique que 66% des participantes ont dû prendre des congés sans solde pour participer. 29% des joueuses n’ont reçu aucune rémunération quand elles jouent pour leur pays.
Côté cyclisme, le Tour de France féminin avait disparu pendant 30 ans pour des raisons économiques avant de revenir en 2022. Il ne rapportait pas assez… peut-être aussi parce que les financiers du sport n’investissent pas sur les sportives.
Les championnes gagneront moins que les champions. Elles courront quatre fois moins et gagneront dix fois moins. La dotation du tour féminin est de 250 000 euros de prix, dont 50 000 pour la lauréate.
Cette déconsidération du sport des femmes est un cercle vicieux. Les équipes féminines ne sont pas médiatisées et les athlètes pas assez rémunérées pour pouvoir se consacrer pleinement à leur sport et offrir un spectacle comparable à celui des stars masculines du foot ou de la petite reine.
Résultat, le sport de compétition est perçu comme un truc de garçons et entend bien le rester. C’est regrettable pour les athlètes, pour les filles et les femmes qui ont du mal à avoir accès à des activités sportives variées mais aussi pour les stéréotypes qui en sortent toujours renforcés. Au bout du compte tout le monde trouve normal que papa aille s’éclater au sport avec les copains pendant que maman s’active à la maison…