Deux hommes encore nommés à de hautes fonctions. Une personnalité est contestée dans un Haut Conseil à l’Egalité paritaire.
Jospiniens, strauss-khaniens, anciens sortis de leur retraite… les nouvelles personnalités nommées au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) ou à l’institut du monde arabe (IMA) font grincer des dents. IL leur est reproché d’être des hommes du passé. Mais elles présentent une particularité moins remarquée : ce sont encore des hommes.
Olivier Schrameck, l’ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, devient président du CSA. Il est, à gauche, le miroir inversé de Michel Boyon, l’actuel président du CSA qui achève son mandat. Avant eux, Jacques Boutet, Hervé Bourges puis Dominique Baudis avaient occupé le poste. Seule Michèle Cotta, nommée par François Mitterrand en 1982, première présidente de l’ancêtre du CSA, la Haute autorité de la communication audiovisuelle, a dérogé au masculin.
Pour l’Institut du Monde Arabe (IMA), c’est l’ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang, 73 ans, qui a été proposé par les autorités françaises à leurs partenaires des pays arabes.
C’était pourtant bien parti avec un gouvernement paritaire, un Haut conseil des finances publiques presque paritaire, une Banque publique d’investissement, qui promet de l’être aussi, tout comme le Conseil national du numérique, nouvelle version. Mais petit à petit une forme de conservatisme reprend ses droits.
Un loup dans la parité
Indépendance
Pour nos lecteurs et lectrices qui se poseraient des questions sur la compatibilité entre la direction des Nouvelles NEWS et ma présence parmi les PQ (oui : Personnalités Qualifiées) du Haut Conseil à l’Egalité, je m’explique. Ce conseil a pour mission d’évaluer les politiques publiques et animer le débat sur les questions d’égalité… C’est ce que nous faisons aux Nouvelles NEWS. Je ne renonce en rien à mon indépendance de journaliste, je ne brigue aucun mandat politique et nous ne sommes pas rémunérés pour siéger à ce Haut Conseil (article 11).
Isabelle Germain
En revanche, pour le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (dont je fais partie, voir ci-contre), la Ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a tenu à une stricte parité. Louable intention qui a provoqué quelques couacs lorsqu’elle s’est transformée en action. « Pour une fois le problème a été de trouver des hommes », a-t-elle répété…
Du coup, elle a gardé Frédéric Taddeï, animateur d’une émission culturelle sur France 3 qui faisait partie de la Commission sur l’image des femmes dans les médias supprimée et fondue dans le Haut Conseil. L’animateur est certes un de ceux qui invitent le plus de femmes dans son émission – moins de 30 %, a compté la Barbe – mais elles viennent souvent pour scier la branche féministe sur laquelle elles viennent de s’asseoir. Comme la juriste Anne-Marie Le Pourhiet qui nie haut et fort les différences de salaires ou abhorre les hommes qui passent l’aspirateur. La chroniqueuse Natacha Polony qui n’a pas perçu l’intérêt de s’attaquer à la question des stéréotypes fut aussi un pilier de l’émission de Taddeï (Marie Donzel en parle très bien ici). Dernier haut fait de cet animateur : confondre liberté d’expression et manipulation en accordant 20 minutes d’antenne au proxénète « Dodo la Saumure » pour faire l’apologie de la prostitution et du proxénétisme…. Sans laisser s’exprimer de critique.
Non seulement la présence de l’animateur parmi les boeufs-carottes de l’égalité est contestable mais il sèche systématiquement les réunions de la commission. Absent le jour de l’installation du Haut Conseil, il n’était pas davantage présent aux réunions de feu la Commission sur l’image des femmes dans les médias…