Six mois de prison avec sursis et 2000 euros de dommages et intérêts : c’est la condamnation de deux des cyber-harceleurs qui avaient menacé de mort et de viol la journaliste. Une première.
En novembre dernier, la radio Europe 1 a annoncé qu’elle déposait plainte pour « menace de crime contre les personnes. » Sa chroniqueuse Nadia Daam avait été la cible de menaces répétées de mort et de viol après avoir dénoncé les « trolls antiféministes » du tristement célèbre forum Blabla 18-25 du site Jeuxvidéo.com du groupe Webedia. (voir Cyber-harcèlement : quand la haine anti-féministe déborde)
Ce mardi, le procès avait lieu au tribunal correctionnel de Paris et les cyberharceleurs ont été condamnés à six mois de prison avec sursis et 2000 euros d’amende. Et c’est une première.
Pouvoir faire un procès était déjà, aux yeux de la chroniqueuse, une victoire face à ces auteurs de « raids numériques » à l’abri derrière leurs pseudonymes. Il a donc bien été possible de trouver les auteurs de ces menaces écrites en ligne, contre Dadia Daam et contre sa fille.
Le récit des faits au procès fait froid dans le dos. Les prévenus sont des auteurs de tentatives de piratage, de nombreuses insultes, ils sont inscrits sur des sites pédophiles. Ils ont utilisé des photos de la fille de la plaignante et réalisé un photomontage représentant la plaignante en t-shirt orange, avec un homme en noir, drapeau de Daesh en main.
A la barre, les prévenus ont plus ou moins mollement reconnu leurs torts et exprimé de la honte. Mais manifestement, les trolls du site incriminé n’ont pas tous compris la gravité des faits si l’on en croit leurs réactions pendant que des journalistes suivaient leur procès. Le journaliste Nicolas Carvalho les a compilées ici :
Procès de Nadia Daam : sur le discord du 18-25 on suit attentivement les live tweets des journalistes présents. Avec objectivité. #NadiaDaam pic.twitter.com/Q6rE03WatV
— Nicolas Carvalho (@carvalho_nico) July 3, 2018
Pas facile de lutter contre le cyber-harcèlement. Sophie Gourion s’y était heurtée en appelant les marques à boycotter le groupe Webedia (voir : Pas d’argent pour le harcèlement, le boycott s’organise)
Mais cette fois-ci, faute de comprendre les règles de socialisation des « réseaux sociaux » les trolls pourront peut-être comprendre la peur du gendarme et devront réfléchir à deux fois avant de poster leurs insultes et menaces. Le message de ce procès est clair : le cyber-harcèlement ne sera plus impuni.
Lire aussi dans Les Nouvelles NEWS
Caroline De Haas, cible de la haine du féminisme
Une campagne contre le cyber-sexisme cible Twitter
Le HCE veut “en finir avec l’impunité des violences faites aux femmes en ligne”
Sexisme sur internet : hébergeurs et FAI au rapport
Mobilisation contre l’incitation au viol sur internet