La relève des entrepreneurs du baby-boom se trouve aussi dans les cités. A la veille du Salon des entrepreneurs, ceux qui ont mené le « parcours du combattant » de la création d’entreprise racontent leur aventure. Des exemples de pugnacité et de créativité.
Nabéla Aissaoui : démocratiser l’accès au droit
*Nabéla sera invitée au débat : « Jeunes et Entrepreneurs, ils l’ont fait, pourquoi pas vous », mercredi de 17h30 à 19h |
Le succès du Salon des entrepreneurs qui attend 70 000 visiteurs, ces 2 et 3 février à Paris, en témoigne : la création d’entreprises s’impose. Plus de 600 000 nouvelles entreprises ont vu le jour en 2010, et « un tiers des Français seraient prêts à être entrepreneur un jour, soit 16 millions de créateurs potentiels ! », notent les BGE (ex-boutiques de gestion), le premier réseau d’accompagnement aux créateurs.
Le phénomène est particulièrement marqué dans les banlieues dites « sensibles ». Ici, plus d’un habitant sur quatre, et, surtout, plus d’un jeune sur deux, entendent se lancer dans l’aventure, assure un sondage IFOP de décembre dernier. Des chiffres tout aussi élevés, donc, que dans le reste de l’hexagone et qui tordent le cou à l’image misérabiliste qui colle à ces quartiers.
Salem Bessad : les baskets et le costume
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« Certes, dans les cités, les gens accumulent les frustrations, dans leurs études, dans leur emploi, dans leur vie quotidienne. Mais de ces frustrations naissent une ambition, un dynamisme, une rage de vaincre dans leur création d’entreprise qui, je pense, sont au-dessus de la moyenne », témoigne Frédéric Fourgous, du Réseau Entreprendre, un réseau de chefs d’entreprises qui accompagnent les jeunes créateurs de PME.
Nabéla Aïssaoui, 31 ans, et originaire du quartier du Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie, en constitue un parfait exemple : « pour continuer mes études, j’ai dû batailler ferme », témoigne-t-elle.
« Bien que je n’aie aucun problème scolaire, mes professeurs me poussaient à faire un BEP après la 3ème ». La jeune femme s’est finalement retrouvée… à HEC et dirige depuis deux ans une petite TPE (voir ci-contre). De dix ans son aîné, Salem Bessad, installé à Aulnay-sous-Bois (93), a lui aussi créé Technomobile (solutions de communication nomades) par frustration : « pour financer mes études, j’avais dû faire de la vente au porte à porte, et, malgré tous ces sacrifices, je gagnais un salaire très modeste ! Ca a été une claque».
Cumul de handicaps
Mais créer son entreprise, quand on vient de banlieue, ressemble encore plus qu’ailleurs au parcours du combattant. Ici, tous les handicaps se cumulent : déficit de modèle, absence de réseau, manque de formation, et, bien sûr, d’argent ; défiance, aussi, à l’égard des institutions. In fine, bien des projets restent fragiles et modestes.
De plus en plus, pourtant, les réseaux d’aide et de financement à la création d’entreprise s’intéressent aux quartiers : tels l’ADIE -micro-crédit-, qui a, notamment, lancé un programme destiné aux jeunes des quartiers (Créajeunes), le Réseau Entreprendre (programme Entreprendre dans les quartiers), les BGE (ex Boutiques de Gestion), le réseau France Initiative, sans oublier les efforts des collectivités locales – telle la région Ile-de-France. Certains fonds d’investissements comme FinanCités, BAC ou Citizen Capital s’intéressent aussi particulièrement aux ZUS (Zones urbaines sensibles). Ceux-là en sont bien conscients : la relève des entrepreneurs du baby-boom se trouve aussi dans les cités !
Pour en savoir plus : « Monte ton biz, les dix commandements de l’entrepreneur des cités », Aziz Senni et Catherine Bernard, Editions Pearson, 17 euros.www.montetonbiz.fr
Le documentaire « Quartiers d’affaires » :
http://www.lesechos.fr/management/video/300388967.htm