Faire en sorte que les finances publiques bénéficient autant aux femmes qu’aux hommes, c’est la démarche adoptée par la nouvelle équipe municipale de Lyon.
Petit à petit l’idée de budgétisation sensible au genre avance. La mairie de Lyon, qui a élu à sa tête l’écologiste Grégory Doucet, s’y engage sur son prochain budget municipal. La troisième ville de France est la première commune de plus de 500.000 habitants à vouloir s’assurer que chaque ligne de son budget de 700 millions d’euros soit passé au crible de l’égalité des sexes. Autrement dit : pour chaque dépense, la mairie devra se demander si au final l’action engagée bénéficiera à autant de femmes que d’hommes. Il s’agit de faire en sorte que les fonds publics cessent d’alimenter les inégalités. « C’est une autre vision du budget » a expliqué sur Europe1 Audrey Hénocque, adjointe aux finances. « Pour chaque ligne budgétaire et chaque investissement, nous pouvons évaluer si cette action va dans le sens de l’égalité entre les femmes et les hommes, est neutre ou a un effet plutôt négatif sur cet aspect. »
Les premières actions devraient d’abord concerner le sport et l’éducation. Parmi les annonces, la mairie s’est engagée à acheter autant de places de football pour les rencontres de l’Olympique lyonnais féminin que masculin. Elle veut aussi revoir l’aménagement des cours d’école pour éviter que l’espace ne soit accaparé par les garçons qui joue au foot tandis que les filles, reléguées sur les côtés, ont des activités plus statiques. Et ce n’est qu’un début. Sur BFM télé Audrey Hénocque donne un exemple : lorsque la municipalité finance une exposition, elle doit s’assurer que les oeuvres exposées ne soient pas réalisées seulement par des hommes comme c’est trop souvent le cas.
L’exercice n’est pas simple. Mais des municipalités plus petites l’ont déjà engagé comme Rennes qui était arrivée première à notre palmarès des villes égalitaires réalisé à l’occasion de notre colloque « le sexe de la ville » en 2015.
Et cette idée a longtemps été rejetée par la classe politique. Lorsque nous demandions à l’élu parisien en charge des sports quelle était la part de son budget bénéficiant aux femmes, il répondait aux Nouvelles News que la question ne se posait pas comme cela. Il ne pouvait d’ailleurs pas sortir de chiffres. (voir : Pas d’argent public pour les sportives… ou si peu). Le chantier est immense. Dans sa thèse sur les loisirs des jeunes, la géographe Edith Maruéjouls, avait compté : les garçons sont bénéficiaires des 2/3 de l’offre subventionnée de loisirs , tous loisirs confondus…
Lire aussi la tribune d’Yves raibaud : Le sexe de la ville : masculin ou féminin?
Pour accompagner les politiques d’égalité, le centre Hubertine Auclert a publié un guide pratique de la budgétisation sensible au genre téléchargeable ici.
NDLR : dans la plupart des médias qui abordent ce sujet il est écrit que Lyon adopte un budget « genré ». C’est tout le contraire. Actuellement les budgets publics sont « genrés » puisqu’ils bénéficient principalement à la moitié masculine de l’humanite. A Lyon il est au contraire question de les dégenrer.