Ce 19 novembre, « Des preuves d’amour » d’Alice Douard, comédie romantique militante, féminine, féministe, drôle et émouvante, sort en salle.

Nadia porte un bébé et enfle en fil des mois, pendant que sa femme Céline commence son parcours juridique pour adopter l’enfant à la naissance. Il lui faudra notamment réunir quinze témoignages de proches afin de prouver qu’elle sera « capable » d’élever cet enfant à venir. Cette longue formalité est également l’occasion d’un parcours intime. Et ce carambolage fait tout le sel de cette comédie alerte. Des preuves d’amour il en faut dans un couple homosexuel, où l’on se dispute sur les mêmes sujets que chez les hétérosexuels et où l’arrivée d’un bébé rajoute des tensions. Le regard des autres et de la société surgit sous forme de questions intrusives et maladroites des proches : Comment avez-vous décidé qui de vous deux portera l’enfant ? D’où vient le sperme ? Comment avez-vous choisi le père ? Qui va allaiter le bébé ? Va-t-il (ou elle) vous appeler toutes les deux maman ?
On en rit grâce à l’énergie clownesque de Monia Chokri, comédienne québécoise chez Xavier Dolan et elle-même réalisatrice de comédies de société enlevées (« Baby Sitter », «Simple comme Sylvain »). Sa femme Céline, jouée par Ella Rumpf, est plus introvertie, intense. Elle prend son rôle de « mère-père » très au sérieux, acceptant des baby-sittings avec les enfants des amis, accompagnant les séances de préparation à la maternité, échangeant avec des pères aussi chamboulés qu’elle. Comme le Clown blanc et l’Auguste, ce duo de comédiennes se complète à merveille. Leur maternité est aussi un moment de bouleversement des relations de filiation, ce que Céline découvre en renouant avec sa mère absente, géniale Noémie Lvovsky, grande pianiste de concert qui n’a pas su donner de preuves d’amour à sa fille unique.
En mai dernier, dans un entretien pour la Semaine de la critique, lorsque son film y a été présenté en séance spéciale, Alice Douard revenait sur l’aspect comique et léger des « Preuves d’amour » : « Les films LGBT+ sont régulièrement, et à raison, durs ou tristes. Notre proposition était de faire un film tourné vers la joie, vers la vie. Mon ambition profonde serait que quelqu’un qui a fait les manifestations pour tous en 2013 admette qu’il s’est trompé. Ça n’est pas un film qui cherche à réactiver un conflit. Au contraire, j’aimerais une réconciliation.«
« Des preuves d’amour » (France, comédie, 1h37) écrit et réalisé par Alice Douard, avec Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky, produit par Apsara Films et Les Films de June, distribué par Tandem. Sortie le 19 novembre.
